De Piccinin Décolletage à Decoltime
Quatrième épisode de notre série d’été
La transmission d’entreprise hors contexte familial est chose courante, qu’elle soit réussie l’est un peu moins. Retour sur une cession d’activité aboutie : Piccinin Décolletage devenu Decoltime, fait son petit bonhomme de chemin au Sentier depuis 40 ans.
Dans la continuité
La société a été fondée en 1983 par M. et Mme Piccinin et avait comme activité principale la création de cames pour les décolleteuses. L’entreprise se développe en s’équipant de décolleteuses et devient rapidement un sous-traitant de composants de connectique. Suite au décès de son époux, Luisa Piccinin -devenue Rachet- se retrouve seule aux commandes. Elle tient seule la barre contre vents et marées quelques années et l’idée de remettre son entreprise lui trotte dans la tête. De son côté, Christophe Leuenberger est chef de projet dans un grande manufacture combière. Un bon travail, de bons revenus mais il veut devenir son propre patron dans une petite structure, alors en 2007 il contacte l’ADAEV qui le met en contact avec Mme Luisa Rachet. Il prend ses fonctions le 1er janvier 2008.
Mains dans l’huile
« Je cherchais sans chercher, raconte Luisa, qui revenait sur les lieux pour la première fois depuis 2015. Je l’ai choisi lui (Christophe Leuenberger, ndlr), il était jeune avec une situation stable. Il a mis les mains dans l’huile dès le premier jour ! » Oui parce qu’être son propre patron implique d’avoir des doubles, parfois triples casquettes, sans parler des journées qui s’étirent en longueur, tant il y a d’ouvrage. Premier arrivé, dernier sorti. « Luisa est restée 3 ans avec moi, dit-il, afin que la transmission se passe au mieux. J’avais besoin d’elle aussi longtemps pour qu’elle me coache. C’était prévu dès le départ, elle m’a ouvert les portes et son réseau. Je profite pour la remercier vivement de son partage de connaissances, de son soutien pour réaliser au mieux la transmission. J’ai mis les mains à la pâte pour apprendre le métier. J’ai repris une entreprise saine qui continue jusqu’à maintenant. »
« Tu sais ce qu’il y a de moins évident, c’est de faire le bon prix »
« Luisa m’a appris tous les détails, elle m‘a présenté aux clients, m’a montré comment on tenait une entreprise. » De son côté, Luisa confie qu’elle était contente de ne pas lâcher son bébé comme ça… Le fait de revenir sur les lieux après tant d’années la laisse pensive. « Comment j’ai pu faire ça toute seule, c’était vraiment beaucoup de boulot ! » De maître à élève, elle lui apprend à prendre du recul, de ne pas prendre les choses trop à cœur, de prendre soin des clients et de faire confiance à la vie. En jeune padawan, Christophe emmagasine ses précieux conseils qu’il fait fructifier. En 2018, l’entreprise change de nom.
L’ère Decoltime
Les dernières machines à cames ont été sorties de l’atelier en 2015 pour faire place à un parc de machines exclusivement composé de décolleteuses CNC. L’activité se diversifie avec la fabrication de pièces pour l’horlogerie et le médical. En 2018, Christophe change le nom de l’entreprise « j’ai longtemps hésité car c’est un nom connu dans la région, c’est une façon de tourner une page, explique-t-il. Il y a une partie émotionnelle importante, mais j’avais besoin de dire que ce n’était plus tout à fait comme avant. L’activité s’oriente vers de petites séries, l’activité médicale a fortement augmenté, on faisait déjà de la connectique mais nous faisons également pour l’horlogerie des composants de mouvements. Tous les bénéfices chaque année sont remis dans l’entreprise. On a pu faire face au début d’incendie en 2017, qui nous a permis de tout remettre à neuf et mettre des Leds. On a notre toit recouvert de panneaux photovoltaïques et on s’est équipé d’une génératrice qui pourrait alimenter tout le quartier en cas de pénurie. On peut aussi compter sur nos clients qui sont restés fidèles, sans eux, on ne serait plus là. »
Et Christophe Leueunberger de conclure « la transmission est plus que réussie, je remercie Luisa qui ne m’a pas laissé tomber comme ça ! » De son côté, Luisa est ravie : « Il a bien réussi, je suis fière que ça continue ainsi ! »