Catégories
News Savoir-Faire

Suivez les guides en jaune !

Portes ouvertes à l’ETVJ

Pour ses portes ouvertes 2021, les 5 et 6 novembre, l’Ecole technique a chargé des élèves de présenter leurs métiers et leurs activités aux visiteurs et de les mettre en pratique simplifiée. La direction, elle, se réjouit de pouvoir à nouveau organiser des manifestations avec public.

Les étudiants en première année de bijouterie ont quatre heures de dessin par semaine. Au premier plan, l’un d’entre eux apprend à mettre des ombres sur un dessin. Derrière lui, un autre travaille sur les «rendus or» et derrière encore, un troisième travaille sur un canard en 3D. «Nous sommes les artistes de l’école. Quand j’ai fait ma formation ici même, il y avait une majorité de filles. Aujourd’hui, nos classes sont paritaires», explique l’enseignante Valérie Vollmuth.

Après l’annulation de l’an dernier au profit d’une formule en ligne, l’édition 2021 des portes ouvertes a de nouveau eu lieu en présentiel. Passé le contrôle du certificat Covid, nous sommes accostés rapidement par un étudiant en T-shirt jaune frappé d’une inscription dorsale « Staff » (responsable), lequel nous invite dans son atelier, accessible depuis l’entrée, celui des micromécaniciens.

Telle est la nouveauté de cette année : des étudiants ou apprentis de chaque atelier ont été invités à endosser cette responsabilité.

TOUR DU PROPRIÉTAIRE

Georges Glunk, notre jeune guide, prototypiste de troisième année, nous embarque. Au rez, ce sont les «nouveaux» qui ont commencé trois mois plus tôt. A l’étage, les années deux à quatre sont rassemblées. C’est l’atelier avec le plus gros parc machines de l’établissement. « On s’aide beaucoup entre étudiants de différents degrés. Les plus anciens donnent volontiers des astuces aux plus jeunes et les plus jeunes n’hésitent pas à se tourner vers eux. J’ai l’impression qu’ailleurs, ils sont beaucoup plus dépendants des enseignants. On est toujours debout, toujours en mouvement, je kiffe ! » s’enthousiasme notre guide.

PIÈCES D’EXERCICE

Ici, une étampe, cet outil complexe et multifonctionnel qui permet de fabriquer de grandes séries de pièces horlogères. Là, un tour à commande numérique, un jeu à bille, classique des portes ouvertes, est en train d’être découpé dans du plexiglas. Le capot de la machine masque son travail, mais un écran nous en donne une simulation en temps réel et en 3D. Encore quelques pas et voici la «Rolls» de l’atelier, une fraiseuse Fehlmann qui fonctionne sur cinq axes. Georges Glunk nous exhibe alors des pièces qu’il a usinées lui-même. Ont-elles une utilité concrète dans l’industrie ? Non, ce sont des pièces d’exercice, requises dans la formation. Un détour par le local des matériaux et ses barres de différents métaux que l’on découpe sur place pour aller ensuite les usiner à l’atelier et voilà : quarante-cinq minutes ont passé.

Bravo au guide, lequel a communiqué avec fraîcheur et même fierté ce qui fait son quotidien.

ESPACE DÉDIÉ AUX MARQUES

En haut de la première volée de marches, un espace est réservé aux manufactures combières. Des étudiants qui partagent leur formation entre l’ETVJ et une usine avec laquelle ils sont sous contrat invitent les visiteurs à s’essayer au démontage d’un calibre ou au perlage, sous l’œil d’un agent de sécurité. Il y a sur place des montres haut de gamme, autant se mettre tout de suite au diapason des mesures en vigueur dans la branche horlogère. « Certains jeunes veulent rester dans le cadre scolaire, plus sécurisé. D’autres sont prêts à se frotter à l’entreprise, où c’est déjà la vie professionnelle », explique Bertrand Caillat, qui forme les futurs horlogers chez Jaeger-LeCoultre. Quel intérêt pour les marques horlogères de participer à cet événement? «Faire savoir que nous avons aussi chacune un centre de formation, même si nous prenons seulement quelques apprentis par an, contre des classes entières ici… et poser nos marques pour le recrutement de ces futurs apprentis.» Et quelles sont, selon ce connaisseur hors pair, les qualités requises d’un horloger ? « Patience. Minutie. Ténacité. »

LES « HORLO » AU BOUT DU COULOIR

Les ateliers d’horlogerie, quatre pour autant d’années d’études, ont le désavantage d’être logés dans un bâtiment périphérique séparé par un long couloir. On y rencontre parents d’étudiants et curieux d’horlogerie, mais le tout-venant aurait de quoi ne jamais arriver jusque-là. Ici, pas de bruit de machines ni d’odeur d’huile de coupe, mais des bruits feutrés d’une bibliothèque, de la concentration et des étudiants à l’établi, portant des « doigts » (protection en latex) et affairés sur un calibre.

Elliott Frison, étudiant de troisième année, se réjouit de pouvoir travailler sur une vraie montre défectueuse de la marque Zenith (El Primero). « Cela nous permet de voir autre chose que des calibres d’école, faits exprès pour nous par une entreprise spécialisée. » Le jeune homme est du reste de retour, le temps des portes ouvertes, d’un stage en entreprise, dans lequel il a pu voir tout ce qui le séparait encore du rythme de travail et des outillages à disposition dans un véritable atelier de production horlogère.

UN TEMPS FORT

Chaque année au milieu de l’automne, l’ETVJ accueille par milliers des familles d’étudiants, écoliers et autres amis des métiers techniques pour leur montrer ses activités et ses ateliers. C’est l’un des temps forts de l’année pour créer de l’intérêt pour les métiers techniques et susciter des vocations.

L’ETVJ avait avait déjà envoyé une première série de ses «étudiants en jaune» à la journée d’études de la Société Suisse de Chronométrie, le 28 septembre dernier à Lausanne, où ceux-ci avaient pu représenter leur école et prêter main-forte à l’organisation de l’événement.