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Que faut-il pour être une « Vallée digitale » (partie 2) ?

Dans ce second volet de notre rétrospective consacrée à l’an dernier, nous revenons en particulier sur deux séries thématiques: la formation et la filière du lait.

L’ingéniosité, la flexibilité et la rapidité sont quelques critères déterminant qui sera élu «Vallée digitale» de l’an 2022.

Oubliez les pâturages bruissant de cloches, les pistes de VTT ou de ski – juste quelques instants – pour considérer les chiffres, soit le fait que la Vallée de Joux offre mille places de travail de plus que sa population totale et, plus fort encore, qu’elle assume 10% des exportations directes et indirectes du Canton tout en ne représentant qu’environ 1% de sa population. Oui, on parle d’un pôle économique et industriel… au milieu des pâturages et dans un écrin naturel préservé. Ce cocktail, si l’on peut parler de la sorte, est porteur en matière de formation.

Car la Vallée de Joux est bien une région formatrice, elle qui totalise cinquante-six entreprises et autres collectivités accueillant des apprenti.e.s et des étudiant.e.s de la région et de l’étranger.

Théo Corbaz, étudiant de troisième année d’horlogerie.

Le secteur horloger et son école supérieure

C’est d’abord dans le secteur horloger que «La Vallée» forme la relève romande et attire loin à la ronde. Une fois leur diplôme en poche, beaucoup s’établissent sur place. Car c’est aussi là que se trouve l’embauche.

Fleuron local, l’École Technique de la Vallée de Joux (ETVJ) est l’une des six écoles d’horlogerie en Suisse et la seule école supérieure du canton de Vaud spécialisée dans ce domaine, en plus des filières microtechnique et bijoutière. L’ETVJ offre, en école de métiers, les formations de bijoutier, dessinateur-constructeur, horloger et micromécanicien ainsi que des filières de formation supérieure (de technicien) et depuis peu, des masterclass attirant un public international. Car nombre de compétences et de savoir-faire ne sont pas accessibles au public en dehors des entreprises horlogères et d’une formation sur le tas. L’ouverture - presque un dévoilement suivant quelle technique - se fait petit à petit.

Une minorité d’apprentis se forment en dual, entre un établissement d’enseignement (l’ETVJ ou un centre opéré par une marque horlogère) et l’atelier de l’entreprise formatrice, où ils sont salariés. À noter encore que le concours d’admission 2023 à l’ETVJ a lieu dans cinq semaines, les 20 et 21 février.

Le tissu socio-culturel a son importance

D’autres secteurs ne sont pas en reste, dans le bois, l’électricité, le bâtiment, la carrosserie, la logistique, l’informatique, la vente, la santé et d’autres encore.

Le cadre naturel de la région, son lac bordé de forêts, ses activités sportives toute l’année et sa forte solidarité constituent autant d’atouts, appréciables quand il faut s’occuper les soirs de semaine, voire les week-ends. Un Centre Sportif proposant moult activités, des logements abordables et une région bien desservie par les transports en commun : la Vallée de Joux a tout ce qu’il faut pour accueillir les apprentis désirant étudier sereinement.

Retrouvez gratuitement en ligne les treize articles que nous avons consacrés au printemps 2022 à la formation : https://www.valleedejoux.ch/?s=formation.

Un cahier de 36 pages qui les rassemble peut aussi être commandé auprès de l’imprimerie Baudat.

« Or blanc »

Maëlle Stucki effectue son apprentissage sous l’œil de sa formatrice Marianne Meylan à la fromagerie Hauser du Lieu.

«L’or blanc» local, c’est ainsi qu’a été qualifié le lait produit à la Vallée de Joux – un peu moins de huit millions de litres chaque année, ce qui représente vingt mille litres environ par jour, même les dimanches. Les fromagers ont tout intérêt à transformer le lait en produits tels le fromage plutôt qu’à le revendre, quasiment à perte, tel quel. Vingt-cinq producteurs, entourés de contrôleurs, de vétérinaires, de bergers et de nutritionnistes animaliers, fournissent les quatre fromageries locales. Ensuite, les fromagers prennent le relais. Un fromage est constitué en un jour, mais il faut ensuite le frotter à l’eau salée et le retourner pendant des semaines et des mois; cette phase de l’affinage est celle qui va donner goût et caractère au produit fini. La Vallée compte 5 affineurs.

La part du lion…

C’est le Gruyère qui se taille la part du lion, 70% des fromages produits.

Le Gruyère d’alpage AOP, produit comme à l’ancienne en altitude, jouit d’une aura toute particulière. Les arômes d’alpage sont en effet différents; certains sont terreux, d’autres pierreux, chacun a son goût unique. Et la Vallée de Joux est très intéressante en matière de flore naturelle, qu’on retrouve dans le lait et donc les produits transformés. Le gruyère d’alpage est un produit saisonnier, de fin mai à mi-septembre grosso modo.

Fabrication d’un bleu combier à la fromagerie des Landes. L’appareil à aiguilles a été spécialement conçu pour favoriser le développement des moisissures.

Ces alpages se tournent depuis plusieurs années vers l’agrotourisme, poussés par les autorités. Des journées à thème, où l’on découvre sur place les savoir-faire agricoles et les spécialités qui en découlent, sont devenues tendance. Plusieurs alpages combiers en proposent à la belle saison.

Et celle du loup

En 2022, cette activité qui demeure fragile a été mise à mal par la sécheresse. Non seulement les bêtes ont eu soif et ont moins produit mais le fourrage était plus difficile à se procurer. La Vallée de Joux a su réagir en mettant en œuvre une station de pompage dans le lac et des points de ravitaillement (citernes) en altitude – un autre aspect de la résilience et de la créativité locales.

En plus, le loup se pose désormais en concurrent direct pour l’occupation de la montagne. Là aussi, la région dépend des autorités cantonales et fédérales, lesquelles doivent pondérer la prolifération du prédateur et l’élevage d’animaux de rente. La Vallée et son flanc sud, donnant sur les crêtes et le pied du Jura, a-t-elle de quoi devenir un Eldorado de la cohabitation semblable aux Abruzzes italiennes? Elle est en tout cas le lieu d’ancrage de ces enjeux dans le canton de Vaud.

Un fromage qui nécessite l’artisanat du bois

Autre produit typique de la Haute Combe, le Vacherin Mont d’Or, lui aussi saisonnier (de fin septembre au milieu de l’hiver), quoique sa filière diffère fortement du Gruyère, puisqu’elle n’est pas soumise à des quotas. Le Vacherin Mont d’Or, seul fromage au monde à se présenter dans un double emballage fabriqué avec du bois local, sangle et boîte, repose pour sa confection sur des métiers appartenant à la filière du bois. On ne saurait passer à côté de la Fête du Vacherin, désalpe locale et lancement de la saison du Vacherin, qui a lieu chaque année le week-end du jeûne et l’une des manifestations locales qui attirent régulièrement le plus large public.

À côté de ces deux «fromages stars», une petite partie du lait est transformé en spécialités telles tomme, raclette, fondue, sérac et autres bleus. C’est surtout là que s’exprime la créativité des fromagers.

Retrouvez gratuitement en ligne dix articles que nous avons consacrés entre l’été et l’automne 2022 à la filière locale du lait: https://www.valleedejoux.ch/?s=lait.

Huit séries au total

Au total, le projet «Vallée de Joux 360°» aura proposé pas moins de huit séries et mini-séries au cours de l’année écoulée.

À l’hiver, nous avons parlé de glace et de ski de fond, puisque La Vallée, avec ses 220 km de pistes, est le deuxième paradis suisse du fond après l’indétrônable Engadine; puis nous avons présenté six «people» de dimension internationale, enfants et/ou ambassadeurs privilégiés de la région, parmi eux nombre de sportifs.

À l’été, la riche offre culturelle, touristique et sportive a de nouveau fait l’objet d’une série de sujets. Saviez-vous par exemple que La Vallée a été l’une des régions pionnières de Suisse en matière de triathlon, forte de sa topographie, ses deux lacs notamment ?

Enfin à l’automne, c’est la mobilité qui a retenu notre attention, avant que l’annonce d’une potentielle pénurie énergétique ne nous amène à approfondir la question, notamment la riposte proposée par les autorités en collaboration avec le Service électrique local, qui ont organisé plusieurs séances publiques d’information à la population. Rappelons ici que La Vallée n’est pas une région productrice, mais qu’elle est un excellent élève à l’échelle cantonale en matière de production solaire autochtone (38% au-dessus de la moyenne nationale) et qu’elle poursuit depuis bientôt vingt ans son propre projet éolien («Éoljoux») censé couvrir l’entièreté des besoins locaux et actuellement dans les tiroirs du Tribunal fédéral.

L’année s’est conclue sur les marchés de Noël, La Vallée ayant une nouvelle fois innové avec son premier marché en plein air.

Jusqu’au 31 janvier :
Soutenez La Vallée, votez « Le Sentier »
et tentez de gagner un iPhone 14 !

Porter la Vallée de Joux à la première place du concours, c’est permettre une visibilité accrue du travail de toute une région et la pérennisation des savoir-faire.

Où voter ? Sur ce lien : https://digi-val-suisse.ch/fr/lesentier
ou en flashant le QR code :