Une destination pour votre retraite

Une tranche d’âge sur-représentée

La démographie des régions de montagne est particulière, avec un «trou» dans les jeunes adultes, lesquels partent étudier puis commencer leur vie professionnelle dans les centres urbains, mais une proportion plus élevée de seniors. La tranche des soixante-cinq ans est en effet de 7% plus élevée, en moyenne, que dans le reste du canton. Une seule autre région connaît une part plus élevée encore: le Pays-d’Enhaut.

Le marché immobilier local et ses loyers abordables sont un premier facteur d’explication. La sociologie en est un autre: les montagnards sont attachés à leur région et leur communauté. Les Combiers, les habitants de La Vallée, veulent vieillir chez eux!

Des rapprochements naturels

La proximité n’est pas un vain mot à la Vallée de Joux, où le tissu social reste solide et resserré, ce qui encourage les seniors à participer aux activités proposées. La paroisse, très active, notamment avec des activités pour les aînés, a su garder une dimension locale et proche. Le communautaire garde ici tout sons sens.

Les «proches aidants» sont un rouage non-étatique toujours plus important dans la prise en charge des aînés. Se rapprocher, brièvement, de ses parents âgés et dépendants, peut déterminer un choix de résidence. Autre point d’ancrage, les petits-enfants! Éduquer des enfants sans grands-parents est très compliqué. Les avoir sous la main, à l’inverse, est un atout à l’heure de déménager.

Pro Senectute, l’organe officiel

En 2018, déjà, les autorités locales avaient mandaté Pro Senectute pour une étude sur la situation de leurs seniors, dressant alors un bilan positif. Dès le début de la nouvelle législature, en 2022, l’offre d’activités via la même Pro Senectute a été développée, notamment sur l’axe de la formation: on peut citer une permanence numérique, tournant dans les trois communes, pour aider les seniors à utiliser le smartphone et des «ateliers seniors». L’Avivo, section Vallée de Joux, propose également des cours d’informatique.

Parmi les autres offres de Pro Senectute, des balades accompagnées d’une heure, à un rythme adapté aux seniors. La Vallée de Joux propose plus de 250 km de sentiers balisés pour tous les amoureux de nature. Thés dansants et danses du monde, au Centre sportif, font aussi partie des activités prisées des aînés. Enfin, les tables conviviales permettent de partager un moment gourmand en bonne compagnie, à midi, jusqu’à neuf personnes maximum. Destinées à briser l’isolement, pas forcément indispensables à La Vallée, on dénombre tout de même trois adresses ce printemps, dans chacune des communes combières: chez Edmond et Arlette, chez Priscille et Chez Francine et Luc.

Petit choc : nous voilà retraités !

Lors du dernier Repas des aînés à L’Abbaye, à l’automne dernier, c’est le syndic en personne qui est allé chercher personnellement quelques aînés à mobilité réduite. La doyenne centenaire de la commune était présente. Une participante témoignait du petit choc ressenti en recevant son invitation, grâce aux listes du contrôle des habitants: «À mon tour de faire partie des seniors. Je suis venue par respect pour la municipalité mais je ne le regrette pas.» Une autre participante confiait:  «Je ne sais pas à quel âge on est vieux, mais il faut resserrer les liens, c’est précieux.»

Cette offre s’inscrit désormais dans la durée, d’autant plus qu’une telle activité est facile à organiser.

Chanter, conduire, apprendre ou danser : les offres privées

À côté des offres publiques, Connaissance 3 propose des conférences dans onze régions du canton. À la Vallée de Joux, celles-ci ont lieu les deuxièmes lundis du mois d’octobre à mars à la Salle communale du Sentier. Ce début d’année, un musicologue, une vétérinaire et un cyclo-voyageur local ont prononcé de telles conférences.

Les transports bénévoles sont une autre facette du dynamisme local, tant du coté des ceux qui sont transportés que des transporteurs, souvent des retraités actifs. En plus de rendre un fier service aux personnes nécessitant d’être véhiculés en plaine pour leurs rendez-vous, ce service est riche d’échanges humains.

Comment ne pas non plus évoquer l’art choral, fleuron local? La Vallée compte trois chorales masculines, une mixte et une féminine ainsi que trois harmonies («fanfares»). Si le vieillissement de ces formations et la quête sempiternelle de la relève sont des sources d’inquiétude parfois pour leurs responsables, c’est aussi, pour le public des seniors, un précieux lieu de socialisation et d’engagement. Ancien chanteur, le syndic du Chenit y voit même un avantage supplémentaire: «On parlait souvent de l’influence de l’altitude et du climat sur la voix. Je pense que ceux-ci influent également sur la santé.»

Les soins

L’offre de soins est un autre «plus» pour les seniors, un domaine où l’État joue à nouveau un rôle majeur. L’on sait en effet que la moitié des seniors souffre d’au moins une maladie chronique, même si 70% des personnes âgées de 65 ans et plus ne recourent ni à des aides ni à des soins de longue durée: c’est dire que les seniors sont un groupe hétérogène.

La Vallée de Joux est équipée, dans un rayon de dix kilomètres au maximum, des trois types de structures de prise en charge du troisième et quatrième âges: des soins à domicile (appelés à se développer massivement, +75%!), un hébergement de longue durée (EMS) et entre deux, des structures d’accompagnement médico-sociales (SAMS): appartements adaptés au Sentier et à L’Abbaye, ainsi qu’un Centre d’accueil temporaire (CAT), neuf et compétent et excentré dans le village des Bioux.

En ce qui concerne les EMS, la région compte un foyer non médicalisé (l’Agapê, à L’Orient) et une unité à l’Hôpital du Sentier. La tendance dans le reste du canton est à sortir de telles structures des hôpitaux et la Vallée de Joux prévoit d’ouvrir un EMS de 70 lits d’ici quelques années, jouxtant son hôpital et d’étendre son panel de prise en charge avec la psychiatrie de l’âge avancé.

Intégration

Une petite minorité des seniors résidant à La Vallée sont venus s’y établir à l’occasion de leur entrée en retraite, soit qu’ils étaient eux-mêmes d’anciens résidents revenus aux sources soit qu’ils aient été attirés par le cadre naturel, fréquenté des années durant en tant que touristes. Parmi ces nouveaux habitants et comme l’a relevé l’étude de 2018, les avis sont contrastés. Certains ont peiné à s’intégrer, c’est-à-dire à créer les connexions nécessaires avec le réseau local. Marc Favez, de Pro Senectute, le relevait alors: l’on n’est pas tous égaux face au défi de l’intégration. La richesse des offres socio-culturelles et les valeurs de proximité et de solidarité sont autant de lieux et de possibilités de faire sa place. De réels facilitateurs.