La Fédération Patronale Vaudoise accueillie au Centre Sportif
C’est la première fois que la faîtière économique vaudoise rassemblait ses délégués à la Vallée de Joux. La partie statutaire rapidement envoyée, les deux heures de programme ont fait la part belle à quatre orateurs. Temps forts et déclarations marquantes.
Pour réunir une fois l’an ses effectifs, la Fédération Patronale Vaudoise ne convoque «que» ses délégués, c’est-à-dire les représentants de ses quelques cent quarante associations professionnelles affiliées, allant des garagistes aux courtiers en passant par les horticulteurs. Une assemblée sélective donc, à laquelle les membres de la SIC combière et les élus locaux ont été également conviés, mais suffisamment fournie pour remplir les salles de gym du Centre Sportif du Sentier, le 11 mai en fin d’après-midi.
L’assemblée des délégués de la fPv a l’habitude de sillonner le canton, rappelait en introduction Stéphane Krebs, nouveau président depuis l’été dernier. Si elle posait ses valises à La Vallée ce jour-là, c’était pour honorer son prédécesseur Pierre-André Meylan, du Brassus.
MOTS ÉLOGIEUX POUR LA VALLÉE
Les Combiers présents ont apprécié d’entendre Stéphane Krebs dresser un portrait à la fois fouillé et flatteur de la Haute Combe, «rare endroit qui emploie davantage qu’il n’héberge» et qui assure 13% des exportations cantonales alors qu’il ne représente que 1% de sa population. «Votre région a vécu des traumatismes par le passé, mais elle en est ressortie plus forte. Elle démontre un sens de l’effort et de la communauté», relevait encore le maître-paysagiste basé à Blonay.
À l’intention des nombreux entrepreneurs présents, Stéphane Krebs a rappelé qu’ils devaient être socialement exemplaires, un des leitmotivs de sa présidence. Il les a engagés pour finir à toujours mieux communiquer publiquement ce qu’ils font de bien, y compris sur le plan politique et à intégrer davantage l’instinct dans leur conduite d’entreprises.
MORCEAU DE PHILOSOPHIE
Dans un discours de haute tenue, le directeur de la FPV, l’avocat Christophe Reymond, a proposé une réflexion sur le temps, laquelle a tout autant retenu l’attention de ses auditeurs locaux. «Le confinement nous a restreints dans l’espace mais il a élargi notre temps», observait-il à l’occasion de cette première assemblée générale à pouvoir à nouveau se tenir en présentiel. Et de relever: «la culture de l’urgence, la fascination actuelle pour les temps courts, notamment dans le monde de l’entreprise où l’on va toujours plus vite, le “time to market” [délai de mise sur marché d’un produit ndlr] est crucial. Et pourtant, rien ne se décide ni ne se résout en un tournemain. En politique, notamment, tout prend du temps.» Et de conclure en demandant une réforme structurelle de la fiscalité: «il est grand temps!»
LEÇONS D’UNE CRISE
Reprenant la balle de volée, Philippe Leuba a invité l’assemblée à considérer plutôt le «verre fiscal» à moitié plein. Dans ce qui aura été sa dernière allocution dans ce cadre patronal, le conseiller d’État a tiré un bilan du Covid là aussi de haute tenue. «Nous devons retenir que les crises ne sont pas autoportées», assénait-il d’emblée, à savoir qu’elles requièrent une solidité antécédente et doivent ensuite être digérées financièrement. Or en 2022, le taux de chômage et le nombre de faillites dans le canton sont inférieures aux valeurs qui précédaient la pandémie. Si l’on s’en est si bien sorti, analysait en substance le ministre sortant de l’économie, c’est dû à la capacité d’adaptation des entreprises. «Les services de l’État, eux aussi, ont fait preuve d’une remarquable réactivité», plaidait encore Philippe Leuba, au risque de quelques toussements dans l’assistance.
«PEOPLE TO PEOPLE», UN MODÈLE ÉCONOMIQUE ET HUMAIN
Dernier orateur, François-Henry Bennahmias s’est montré fidèle à lui-même, détendu, décalé et gouailleur. En survêtement bleu, le directeur général d’Audemars Piguet (AP) a ramené sur terre le monde du luxe: «Notre approche consiste à communiquer des valeurs d’entreprises au travers de produits d’exception.» Et d’expliquer comment il s’est employé à instiller lesdites valeurs chez ses collaborateurs – il en a vu le nombre doubler depuis son arrivée – avec, pour finalité, de construire un esprit d’équipe et une culture aussi familiale que possible. L’insolente réussite d’AP aura parlé pour François-Henry Bennahmias. Ses anecdotes de rencontres avec les stars du rap et ses irrévérences (à Stéphane Krebs: «Dites, il serait temps d’accueillir une femme dans votre conseil d’administration!») auront plutôt fait l’effet d’un bol d’air frais dans une assemblée à la culture vaudoise traditionnelle.
La FPV réunit la plupart des groupements professionnels vaudois. Elle représente les intérêts de l’économie vaudoise vis-à-vis des autorités, des médias et du public.