Après avoir parlé en long et en large de nos commerces et entreprises, et souligné le succès incroyable des bons cadeaux dénotant une solidarité exceptionnelle des Combiers, qu’en est-il de ces derniers? Comment vivez-vous ce Grand Confinement? La FAVJ est allée à votre rencontre.
Retour à l’école/au travail?
Aux abords de la Coop, nous rencontrons Maria, mariée et deux enfants quasi-adultes à la maison «On habite une maison avec un jardin, alors forcément, pour nous c’est plus facile qu’en appartement. Etre tous les quatre, tout le temps ensemble est parfois pénible mais la maison est assez grande pour que chacun puisse s’isoler quand il le souhaite. Nous faisons les courses une fois par semaine. Mon mari est retourné travailler la semaine dernière et j’ai un peu peur pour lui, non seulement qu’il s’infecte et nous ensuite, mais j’ai peur aussi que tout ça n’ait servi à rien.»
Devant Denner, Solange, jeune trentenaire mère de 3 enfants de 2, 5 et 8 ans, s’énerve «j’en ai marre! On fait beaucoup d’efforts pour ne contaminer personne en prenant d’infinies précautions, on stoppe net l’économie, on précipite des centaines, sinon des milliers d’indépendants et de petites entreprises dans la faillite, tout ça pour quoi? Le virus n’est toujours pas vaincu, encore plein de gens tombent malade chaque jour! Il est hors de question d’envoyer mes enfants à l’école le 11 mai, c’est trop tôt. Depuis quelques jours on revoit les voitures défiler matin et soir, comment se fait-il qu’elles soient là si les entreprises sont censées être fermées ou tourner au ralenti? Les parkings sont quasi-pleins! Est-ce que l’horlogerie est utile en cas de crise alimentaire? Pour l’économie de la région ok, mais la santé des employés et de leurs familles, on en fait quoi? C’est bien beau de les faire travailler à 50% avec des masques, mais est-ce bien nécessaire?»
Incivilités
Nicolas, rencontré devant la Migros, habitant de L’Abbaye, raconte «de ma fenêtre, je vois énormément de passants sur le chemin au bord du lac! Ce qui est incroyable, c’est qu’on est censés entre en confinement et ce chemin est aussi actif qu’un week-end normal! On voit des camping-cars garés sur les terrasses des restaurants fermés dont plus de 50% sont des plaques genevoises, valaisannes et même zurichoises! C’est assez déconcertant. J’ai été aborder une dame qui sortait ses chaises longues et elle m’a répondu de me mêler de mes affaires! A croire qu’ils ont oublié qu’on est un des coins les plus touchés du canton! Les sites comme le Creux-du-Van ou la Tine de Conflens sont fermés, ça explique peut-être pourquoi les bords du lac sont envahis, les points de passage habituels sont bondés.»
Béatrice a l’habitude de promener son chien du coté du Rocheray, quand on la rencontre elle ne peut retenir sa colère «Je viens de croiser une bande de jeunes passablement éméchés, qui faisaient la fête sur la plage. Ils étaient au moins une quinzaine, tous collés les uns aux autres ou presque! Je n’ai pas osé leur faire de remarque, je n’ai pas envie de me faire casser la figure mais j’ai très envie d’appeler la police! Mais à quel numéro? Je ne vais tout de même pas déranger les urgences pour une bande de jeunes écervelés! A part ces incivilités, ce confinement m’empêche de voyager comme j’aime. Je n’aime pas rester bloquée trop longtemps chez moi, j’ai la bougeotte!» conclut la jeune retraitée.
Justement, nous croisons le lendemain un «jeune» de 18 ans, mais «qui ne fait pas partie de la bande qui a foutu le bazar hier». Appelons-le Robert. «Je ne faisais pas partie de l’équipe d’hier mais je les comprends totalement. Même si on est soi-disant la génération accro aux Smartphones et réseaux sociaux, on se rend vite compte que le contact humain, de se voir en vrai, est quand même super important. Au moins ce coronavirus aura été positif sur ce point! Franchement, rester toute la journée avec les parents, même si je les adore, c’est autre chose que les amis. On a besoin de nos amis, même si on se voit en visio... mais partager un bon repas, une bonne bouteille avec ses amis, ces bons moments ça n’a pas de prix!»
Solidarité
Sur les réseaux sociaux, nous repérons Yolanda Arias. Yolanda est auxiliaire de santé la nuit et coud des masques le jour. Aidée par son fils Javier, 24 ans, elle a ressorti sa machine à coudre et s’est mise à faire des masques en tissu, qu’elle offre à qui en voudra. «Mon mari a été malade au tout début mais pas testé, et placé à l’isolement à la maison. On avait besoin de masques et il y avait pénurie, alors j’ai eu l’idée d’en fabriquer moi-même. J’ai fait plusieurs tentatives, notamment avec une nappe de Noël, mais on n’arrivait pas à respirer! Alors j’ai trouvé des tissus lavables à 60° et c’est parti! Javier est horloger dans une grande manufacture et met aussi la main à la pâte!
Du coup on a fait des housses pour le canapé́, les chaises, on a refait des coffres... J’ai une petite production de masques car je les fais pendant mon temps libre. Je travaille de nuit alors je n’ai pas trop le temps. Les masques sont gratuits et partent petit à petit. On peut y mettre des filtres et les laver à 60°, comme préconisé. Dans ces moments de galère, je n’ai pas le droit de me faire de l’argent avec ça et puis c’est mon moyen à moi de me rendre utile.» Un grand bravo!
Par Carmen Mora