Construire en bois local :un atout économique et écologique pour la Vallée de Joux
La Société industrielle et commerciale de la Vallée de Joux (SIC), en partenariat avec la Plateforme vaudoise du bois, a organisé vendredi 5 décembre dernier son premier petit-déjeuner de l’économie à l’Hôtel de la Lande, au Brassus. Une trentaine de participants ont découvert les avantages de la construction en bois suisse et les solutions pour intégrer cette ressource locale dans les projets de construction.
La Société industrielle et commerciale de la Vallée de Joux (SIC), en partenariat avec la Plateforme vaudoise du bois, a organisé vendredi 5 décembre dernier son premier petit-déjeuner de l’économie à l’Hôtel de la Lande, au Brassus. Une trentaine de participants ont découvert les avantages de la construction en bois suisse et les solutions pour intégrer cette ressource locale dans les projets de construction.
Une initiative pour promouvoir l'économie locale
C'est dans la salle du Risoud (ça ne s’invente pas) que Michele Fazzone, président de la SIC, a accueilli les participants autour d'un café-croissants. « C'est un format qu'on aimerait renouveler plusieurs fois durant l'année sous une thématique différente », a-t-il expliqué en introduction. Cette première édition portait sur un sujet particulièrement pertinent pour la région : la construction en bois et les circuits courts. Christiane Maillefer, coordinatrice de la Plateforme vaudoise du bois, a rappelé que « le canton de Vaud est bien doté en forêt et en entreprises de la filière forêt-bois ». Elle a également souligné que « la future commune de la Vallée de Joux sera la plus grande commune forestière du canton de Vaud », un atout considérable pour le développement économique régional.

Une ressource abondante et sous-exploitée
Daniel Ingold, directeur du Cedotec et responsable de l'office romand de Lignum (l'économie suisse du bois), a livré une présentation complète et instructive sur les enjeux et solutions pour intégrer le bois en filière courte dans les constructions.
Les chiffres présentés sont éloquents : la Suisse compte 65 arbres par personne, soit environ 560 millions d'arbres répartis sur un tiers du territoire. Chaque année, environ 10 millions de mètres cubes de bois poussent dans les forêts helvétiques, dont 8 à 8,5 millions seraient exploitables. Or, seuls 5 à 6 millions sont effectivement récoltés. « Il reste un volume non exploité d'environ 2,7 à 3 millions de mètres cubes par année », a précisé M. Ingold. « Ce bois qu'on n'utilise pas et qui à terme, pourrit en forêt est une perte sèche, du carbone qui est rejeté sans qu'on l'ait stocké quelque part, sans qu'on l'ait utilisé. »

Les trois « S » du bois : un atout pour le climat
Le directeur du Cedotec a mis en lumière les qualités environnementales exceptionnelles du bois à travers ce qu'il appelle « les trois S ». Premièrement, la soustraction : chaque mètre cube de bois nécessite une tonne de CO₂ pour sa constitution par photosynthèse, CO₂ qui est ainsi retiré de l'atmosphère. Deuxièmement, le stockage : le carbone reste séquestré dans le matériau tant que le bois reste bois. Troisièmement, la substitution : utiliser le bois permet de remplacer des matériaux plus énergivores comme le béton ou l'acier.
« Un des objectifs de Lignum, c'est d'ancrer cette capacité de la filière forêt-bois à participer, à répondre aux enjeux climatiques et aux objectifs zéro carbone 2050 », a souligné Daniel Ingold.
Des freins réglementaires levés
Bonne nouvelle pour les constructeurs : les obstacles réglementaires à la construction en bois ont largement disparu. « Aujourd'hui, on construit ce qu'on veut : hôpitaux, bâtiments élevés… » Les prescriptions de protection incendie, longtemps un frein majeur, ont évolué vers des exigences de résultat plutôt que de moyens, permettant au bois de concurrencer les autres matériaux à armes égales.
Sur la question des coûts, souvent évoquée comme un obstacle, le spécialiste est catégorique : « À qualité égale, prix égal. » Il nuance toutefois : « Le bois n'est pas compétitif dans le bas de gamme. Mais aujourd'hui, il n'y a plus de bas de gamme, car le cadre légal a fixé des règles d'isolation et de confort qui font que le bois est compétitif. »
Gain de temps, gain d'argent
Un avantage majeur de la construction bois réside dans la rapidité d'exécution grâce à la préfabrication. Daniel Ingold résume: « L'investisseur qui finit son objet plus tôt peut commencer à le louer plus tôt. »
Il a illustré son propos par l'exemple des bâtiments scolaires modulaires : « Une salle de classe, c'est trois modules. Sur le chantier, c'est 20 minutes par module. Donc toutes les heures, il y a une nouvelle salle de classe. Un petit bâtiment de huit salles de classe, c'est deux jours de montage. »
Le Label Bois Suisse, garantie de qualité
Pour garantir l'origine locale du bois, la Plateforme vaudoise du bois promeut le Label Bois Suisse, qui certifie un minimum de 80% de bois suisse et 60% du travail effectué en Suisse. « Le maître d'ouvrage privé peut exiger ce qu'il veut », rappelle Daniel Ingold. « S'il veut du bois local, il a le droit de le demander. » Pour les marchés publics, des solutions existent également sous certaines conditions.
Toutefois, le spécialiste insiste sur un point crucial : « Plus je suis précis dans ce que je veux, plus je dois le planifier à l'avance. Le bois, par définition, est encore dans la forêt. Il n'est pas quelque part sur une étagère, sec, emballé et prêt à être livré. Il faut du temps pour aller le sortir, le travailler correctement. »

Un message clair
En conclusion, Daniel Ingold a résumé l'enjeu en quelques mots : « Utiliser les ressources locales et favoriser la filière courte, c'est contribuer au développement durable, soutenir l'équilibre économique et social, mais c'est surtout faire preuve de bon sens. Le matériau est là. Les entreprises sont là. Le tissu économique est là. La qualité est là aussi. Vous êtes bien placés pour le savoir : la qualité suisse chez vous se vend encore mieux que chez nous. »
par Florent Romanet,
pour Vallée de Joux 360