Jeunesse et maestria pour un nouveau chapitre des Rencontres Musicales de la Vallée de Joux

Né en 2000, Andrea Jermini n’est déjà plus un inconnu sur la scène musicale suisse et internationale. Lauréat de nombreux prix prestigieux, dont le Concours d’Interprétation Musicale de Lausanne en 2021 et le Yamaha Scholarship Award (2019/2020), le jeune prodige poursuit actuellement un Master de Soliste à la Haute École de Musique de Genève.

Décrit comme un interprète alliant une virtuosité éblouissante à une profonde sensibilité, Andrea Jermini aborde la musique avec une quête d’authenticité et une « passion pour la recherche artistique », comme il le souligne lui-même. Cette recherche l’amène à explorer des connexions profondes, y compris avec d’autres formes d’art, à l’image de sa thèse sur les innovations théâtrales de Romeo Castellucci. Son engagement ne se limite pas à l’interprétation ; il a également fondé le Jeunesse Festival à Lugano pour promouvoir les jeunes talents et nourrit des projets futurs « autour de l’improvisation, d’autres impliquent des collaborations avec des danseurs, et - dans le meilleur des cas - aussi des éléments scénographiques », des idées de « projets un peu plus totalisants, qui engagent toute l’âme ».

Je ne cherche pas à “jouer bien” dans un sens classique ou convenu : je cherche à créer un espace, un théâtre intérieur, où chaque son, chaque silence, chaque geste a un poids existentiel, presque sacré.

Pour ce concert combier, Andrea Jermini avait donc promis de déposer devant le maître autel un programme exigeant et captivant qu’il a décrit comme « un voyage - un voyage à travers trois époques différentes, trois compositeurs différents, trois âmes différentes, et surtout trois lieux distincts de l’âme humaine ». Un triptyque qui promettait aussi d’explorer une vaste palette d’expressions et de mettre en lumière les multiples facettes de son talent. Promesses tenues: « Avec Beethoven, nous sommes dans un lieu de structure et d’émancipation, mais aussi de tension entre ordre et rébellion. Schumann nous emmène dans un lieu de déséquilibre émotionnel, d’oscillation entre les contraires. Et Mompou, enfin, nous ouvre un lieu de fragilité poétique et d’hypersensibilité, presque suspendu hors du temps »

La prestation d’Andrea - jouant 1h15 les yeux fermés et avec tout son corps - a sans nul doute marqué les esprits, confirmant l’immense potentiel de ce jeune artiste. Le public, captivé et très silencieux, a salué son passage à La Vallée, sous les auspices des nouvelles RMVJ, qui s’inscrit comme une étape lumineuse dans une carrière qui s’annonce déjà brillante et pleine de promesses. On en redemande.

Un cadre idéal pour les jeunes talents,
 selon Andrea Jermini

Interrogé sur l’importance d’une plateforme comme celle offerte par les Rencontres Musicales, Andrea Jermini a exprimé sa profonde gratitude envers les organisateurs. Pour lui, jouer dans un tel cadre est une source d’émotion unique : « L’importance d’une telle plateforme, c’est d’abord l’émotion très particulière que l’on ressent en jouant dans une église séculaire et boisée, au milieu de la nature. ». Il y voit aussi un « passage symbolique : on cesse d’être seulement étudiant, et on commence à devenir artiste ». Le jeune pianiste a particulièrement souligné la bienveillance de l’accueil : « Et ici, ce chemin peut commencer dans un cadre protégé, bienveillant, ce qui est extrêmement précieux. Cela rend cette expérience très importante, parce qu’il n’y a pas d’yeux qui jugent, mais des regards et des oreilles qui élèvent. Tout dans ce cadre - le lieu, le silence, l’écoute, la nature - élève ».