Grand amoureux de la Vallée de Joux, Jean-Claude Biver profite de chaque occasion pour y faire un tour. Quelle plus belle raison si ce n’est pour remercier les employés de Dubois Dépraz pour leur participation à la création de sa dernière montre ? Et c’est ce qu’il a fait mardi 17 décembre dernier, devant plus de 300 employés.
Bien avant l’heure convenue, l’allée menant à l’entreprise Dubois Dépraz était envahie par des voitures, jusqu’à la gare du Lieu. Il faut dire que l’évènement était de taille, une figure historique de la haute horlogerie venait exprès pour les rencontrer, un honneur rare et significatif. LVMH, Blancpain, Oméga, Tag Heuer, Zénith, Hublot ou encore Audemars Piguet où il a commencé en 1973, partout où il est passé, Jean-Claude Biver a laissé son empreinte. Tombé amoureux de son épouse Combière et de La Vallée, l’entrepreneur y revient toujours avec plaisir, même si c’est pour des raisons professionnelles. Entretien.
Bonjour Jean-Claude Biver, de retour à la Vallée de Joux ?
« C’est toujours un réel bonheur pour moi de revenir ici. Lorsqu’on est à la Vallée de Joux, on est dans le centre névralgique, historique et culturel de l’horlogerie. Il n’y a rien de mieux que d’être au plus proche possible, pour avoir plus rapidement accès au savoir-faire et à la pratique. J’aurais bien voulu m’installer ici, nous avons effectué des recherches mais nous n’avons pas trouvé de locaux. Alors nous nous sommes installées à Givrins, au pied du Jura, où une trentaine d’employés travaille. Quand l’entreprise atteindra les 50-80 employés, qui sait ? C’est à ce moment-là que viendra l’idée de venir à La Vallée. On cherche des maîtres, des artisans avec une qualité exceptionnelle comme les femmes et les hommes d’ici et c’est ce qu’il y a de plus rare.
Comment avez-vous connu Dubois Dépraz ?
« Oh je connais cette entreprise depuis 1973, lorsque j’ai commencé à travailler chez Audemars Piguet, en 1973. C’était à l’occasion d’une commande, je me souviens qu’à l’époque, on leur achetait des plaques.
Après avoir redressé plusieurs grandes maisons de haute horlogerie, vous créez votre propre marque, avec une première montre vendue aux enchères à plus d’1 millions de francs l’an passé. Nous apprenons à l’instant que la toute première montre issue de votre collaboration avec DD a été livrée aujourd’hui même à Hong Kong. Pourquoi avoir choisi Dubois Dépraz pour partenaire ?
« Comme vous le savez, chaque région a sa spécialité. La Vallée de Joux c’est bien-sûr l’horlogerie. L’entreprise Dubois Dépraz a une spécialité et elle s’appelle le Quantième perpétuel et le module qu’on pose sur le mouvement. Ces deux spécialités je les connais bien, ça a renforcé notre volonté de travailler avec eux. Ce n’est pas un fournisseur lambda, c’est bien plus qu’un partenaire, on est comme en famille avec eux. (voir encadré, ndlr)
Rarement nous avons vu de grands chefs d’entreprises venir remercier personnellement les collaborateurs d’un partenaire, qu’est-ce qui vous fait venir ?
« Je suis venu par reconnaissance et respect. Notre succès n’est que le reflet de ceux qui fabriquent et conçoivent. Il était normal de venir leur dire merci et de montrer notre reconnaissance dans ce qu’ils font, alors que l’horlogerie a longtemps voulu tenir ça secret, maintenir les coulisses derrière la scène. C’est une erreur de ma génération, il n’y a rien de mal à mettre en lumière les fabricants de pièces, quelle que soit son importance. Et puis, entre nous, j’adore ça, rencontrer les gens. »
Très vite, le patriarche s’est retrouvé entouré de collaborateurs de Dubois Dépraz et a longuement échangé avec eux. Pascal Dubois, ami de longue date confie « j’aime beaucoup le personnage, il est charismatique, on a envie de le suivre. Regardez le monde qui est là ! D’habitude aux pots de fin d’année il y en a la moitié qui vient et là ils sont plus de 300 ! Depuis 20 ans que je le connais, ça a toujours été comme ça avec lui. Le projet que nous avons développé avec lui s’appelle chez nous « Celer » comme célérité et il va nous tenir occupés encore de longues années.» (Voir encadré, ndlr). Jean-Claude Biver a clairement marqué les esprits, et nul doute que cette rencontre restera gravée dans les mémoires. À quand la prochaine visite ?
Journaliste : Carmen Mora