A lui seul, il est capable d’attirer les touristes de la plaine sur la rade. Certains montent expressément à la Vallée de Joux pour le voir, et pour déguster ses marrons. Samedi dernier, il prenait part à la 8e édition de La Brisolée organisée par le village du Brassus. Portrait.
Tonio 1988
C’est dans les années 1970, alors que le jeune Jean-Carlo Antonioli alias « Tonio », âgé de 17 ans, fréquente la foire aux marrons de Lausanne, qu’il apprend à griller les marrons. Au fil des années, les stands de marrons se font de plus en plus rares, et la manifestation lausannoise doit fermer. Tonio décide alors de récupérer le matériel de la foire et de lancer son enseigne, qu’il baptise « Tonio 1988» . Il installe sa charrette à marrons au village du Pont, où il voit un réel potentiel pour attirer des touristes : « Je suis le premier vendeur ambulant à être allé sur le lac gelé ». Tonio est très vite rejoint par la cordonnerie Mouquin qui loue des patins à glace. Quelques années plus tard, les fromagers de la région et le reste des sociétés locales suivent le mouvement.
Le marron, un fruit de plus en plus rare
Depuis la création de Tonio 1988, le vendeur ambulant se fournit essentiellement chez l’importateur de marrons italiens Marroni-Import Gysi & Strazzini AG, basé à Berne. Oubliez le marron suisse. Selon le Groupement Chablaisien des Propriétaires de Châtaigneraies (GCPC) auprès duquel se fournissait le village du Brassus lors du lancement de la brisolée en 2015, la production valaisanne ne suffirait plus pour Fully. Idem pour le Tessin.
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Les marrons demandent une cuisson d’une heure environ.
L’évolution du prix du marron italien se fait lui aussi ressentir. En l’espace de 30 ans, Tonio constate que le prix du fruit a plus que doublé. Et l’importateur bernois a encore annoncé une hausse de CHF 1.- par kilo pour l’année 2024. Tonio dénonce un «vol autorisé», mais ne changera pas ses prix pour autant.
Des produits dérivés à base de châtaigne
En 2012, Tonio avait déjà décidé de diversifier son offre, en proposant un produit moins cher que le marron. Il approche alors des castanéiculteurs d’Ardèche qui lancent des produits dérivés de la châtaigne. Pâtes, biroulades et délices viennent ainsi compléter son stand de marrons.
Demandé par les maisons horlogères et par le grand Lausanne
Victime de son succès, Tonio participe également au Noël des enfants des entreprises horlogères de la Vallée de Joux depuis 2018.
La ville de Lausanne a même offert à Tonio d’occuper un chalet à St-François pour le Marché de Noël à plusieurs reprises. Le grilleur de marrons a décliné l’offre, préférant s’investir dans des événements plus locaux, tels que le Noël de la Maison de Paroisse du Sentier ou encore la fête du village des Bioux.
Ambassadeur malgré lui
« C’est quoi cette statue au milieu du lac ? Vous auriez les horaires du Caprice ? On monte comment à la Dent de Vaulion ? » Que ce soit d’une extrémité ou l’autre de la rade du village du Pont, les touristes venus de l’arc lémanique se précipitent tous vers Tonio pour obtenir des informations. « J’en fais énormément pour le tourisme ».
Et Tonio continuera à servir la région de son cœur, aussi longtemps que la santé le lui permettra.