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Touchés personnellement, les Turcs sont aux avant-postes de l’élan de solidarité

Nouveau volet de la réaction spontanée de solidarité, avec deux familles combières, par ailleurs engagées toutes deux dans la restauration.

La semaine dernière, nous évoquions la mobilisation de Cyrille Bornarel du Pont et de sa compagne Ozlem Direk pour collecter notamment des habits en faveur des populations sinistrées de la région de Kahramanmaraş.

ALERTE SUR LES RÉSEAUX

Selim Varki a grandi à La Vallée – et donné son nom au kebab du Sentier.

Le jour même de la première secousse, il a lancé un appel sur les réseaux sociaux pour des biens de première nécessité, habits, couvertures, articles d’hygiène. «La plupart de mes contacts sont Combiers, je n’avais pas de doute qu’on allait me répondre», commente l’employé de banque de vingt-six ans.

Une première tournée lui a permis de collecter les effets mis à disposition par des particuliers dès le lendemain, d’en remplir une voiture à ras bord et d’amener le tout à Meyrin. Là, le magasin VOI (une filiale de proximité de Migros), tenu par un Turc nommé Hasan Altintas, collectait des denrées en grande quantité et remplissait des camions. «Là aussi, uniquement des denrées mises à disposition par des privés. Le tenancier a payé de sa poche plusieurs camions», relève Selim Varki.

L’AIDE DE LA COMMUNE

Plusieurs points de collecte similaires ont été improvisés en Romandie, partout où des Turcs avaient un business et des moyens d’aider. L’association turque de Lausanne, qui gère un centre communautaire et une mosquée (situés à Renens) a été un autre point de chute.

À La Vallée, la famille Kaplan, qui tient la sandwicherie du Brassus, s’est aussi mobilisée et a récolté du matériel de son côté. Kemal Kaplan et Selim Varki ont travaillé de concert. Une semaine plus tard, les deux hommes avaient amassé trop de matériel, dont des ustensiles médicaux fournis par le
Dr Seyed Madani, pour un seul véhicule. Afin d’apporter le tout à Meyrin, vendredi dernier, il a fallu deux gros 4×4, une fourgonnette d’entreprise ainsi qu’une camionnette, mise à disposition par la commune du Chenit.

DESTINATION FINALE À LA DISCRÉTION DES AUTORITÉS

Sait-on exactement où ces convois ont abouti? Non. Selim Varki explique que si Hasan Altintas, à Meyrin, indiquait sa destination à chaque camion qu’il envoyait, à l’entrée en Turquie, en revanche, les autorités locales redirigeaient ceux-ci en fonction des besoins prioritaires en localités: Kahramanmaraş, Pazarcık, Adıyaman, (la région d’origine des Varki) ou encore Elbistan, où Daniel Trotti s’est rendu comme sauveteur (lire notre FAVJ de la semaine dernière).

PARTIR SUR PLACE POUR AIDER? PEU PROBABLE

Quinze jours après le séisme, l’élan n’est plus le même.  «La situation et les besoins là-bas ne sont plus les mêmes qu’au début, même si les médicaments, la nourriture et les produits d’hygiène restent prioritaires. Nous sommes en train d’évaluer ce qu’il faudrait encore envoyer. Dans tous les cas, je remercie tous ceux qui nous ont prêté main forte d’une manière ou d’une autre», explique Selim Varki. Le kebab du Sentier continue d’accueillir des dons en argent, lesquels seront reversés à une organisation tierce, à moins que Selim Varki et son père Yildirim ne décident de se rendre sur place. «La logistique d’un tel voyage est incertaine. Les infrastructures ont été détruites et sans eau courante, des maladies vont apparaître», fait encore observer le jeune homme. Dans l’immédiat, l’heure est à tenter d’aider ceux qui ont survécu mais ont tout perdu.

Il n’y a pas de réelle communauté turque à la Vallée de Joux, juste quelques familles. Le lieu communautaire et cultuel le plus proche se situe à Renens.

selim.varki@gmail.com