Des questions électriques à la Vallée de Joux

Le sujet de l’énergie, et plus spécifiquement de l’électricité, est omniprésent dans les industries. Les mesures d’économie d’électricité soulèvent bien des questions pour les entreprises de la Vallée de Joux. Or, agir, c’est comprendre, et comprendre, c’est informer. Alexandre Couvret, directeur de la Société Electrique de la Vallée de Joux, a accepté de répondre à quelques-unes des questions qui surgissent face à ces incertitudes.

Il existe plusieurs sources possibles de production d’électricité, quelles sont celles utilisées à La Vallée ?

« À la Vallée de Joux, la consommation d’électricité (environ 60 GWh par année) se partage entre 75% issus du nucléaire et 25% issus du renouvelable. Si la majorité est d’origine nucléaire ce n’est pas par choix, mais parce qu’aujourd’hui c’est la source de production qui reste la moins chère. La part renouvelable provient des installations solaires locales (environ 4 GWh mais avec un fort potentiel de croissance) et de productions suisses, hydrauliques principalement.

La région s’est engagée depuis plusieurs années à augmenter la part d’énergie « propre » consommée à la Vallée de Joux. Ainsi, la SEVJ propose aux particuliers qui souhaitent consommer uniquement du renouvelable de souscrire au label « TERRA », et pour les entreprises, d’obtenir une certification « garantie d’origine renouvelable ».

Grosses entreprises, PME, particuliers, quelles sont les parts de consommation ?

« Nous avons la chance d’avoir un tissu industriel développé à La Vallée qui nécessite toutefois un approvisionnement électrique important. Le ratio au niveau régional est d’environ ⅔ d’électricité consommée par les industriels et ⅓ par les ménages.

Ces entreprises étaient déjà sensibles aux enjeux énergétiques bien avant la situation géopolitique actuelle et certaines se sont déjà préparées, par exemple en couvrant leurs toitures de panneaux solaires ou en réduisant leur consommation d’énergie. Actuellement, nous constatons que la demande sur ces sujets augmente et nous accompagnons les entreprises dans leur démarche via notamment des conseils ou des projets d’installations. »

Justement, l’augmentation et les risques de pénurie inquiètent tout particulièrement les PME qui n’ont pas eu les capacités de se préparer. Que pouvez-vous leur répondre ?

« Pour avoir été de leur côté il y a quelques années, je comprends tout à fait leur inquiétude. Leur activité est en plein essor et elle dépend grandement de la fourniture d’énergie.

Nous faisons aujourd’hui face à beaucoup d’incertitudes sur les mois et les années à venir et dans ce contexte, il est nécessaire de bénéficier de manière régulière d’informations et de conseils.

En collaboration avec les autorités locales, nous proposons plusieurs réunions d’information à la fois sur des sujets pratiques du quotidien (comment économiser son électricité, comment limiter sa consommation, les différentes possibilités de production d’électricité) ou plus en lien avec les activités économiques (comment se préparer face à des périodes de réduction de la consommation qui pourraient être décidées par la Confédération en cas de pénuries, comment optimiser les postes de travail les plus gourmands en énergie,…). Ces réunions auront lieu d’ici la fin de l’année pour les particuliers, et le 2/11 pour les entreprises lors d’un « 6 à 8 » dans la salle du Conseil communal du Sentier. »

Quelles seraient les solutions à développer rapidement face aux pénuries annoncées et aux augmentations de prix ?

« Il est malheureusement difficile d’entreprendre des mesures d’envergure à court terme.

Néanmoins, depuis une année au niveau local nous nous efforçons de proposer des solutions adaptées à cette situation. Nous avons par exemple mis en place des prestations de conseils pour accompagner nos clients dans leur démarche d’optimisation énergétique, nous investissons massivement dans le photovoltaïque, soit sous forme d’installation vendue clef en main, soit sous forme de « contracting » (assimilable à une location pour les surfaces de plus de 300  m²), ce qui intéresse de plus en plus les entreprises qui n’avaient pas forcément prévu de plan d’investissement à ce sujet et qui ont besoin d’une solution relativement rapide et peu coûteuse.

Par ailleurs, la région mène également une réflexion à moyen terme dans le but de développer le mix énergétique de production renouvelable à La Vallée en tirant partie de toutes les ressources disponibles (éolien, biomasse, solaire,…). »

Aparté : Eoljoux sur le devant de la scène

«  (…)  Cela fait maintenant 17 ans que les communes de la Vallée de Joux ont lancé le projet Eoljoux, visant à produire environ autant d’électricité que la quantité consommée à la Vallée de Joux (…) Au vu de la gravité de la situation (climat, pénurie, envolée des prix) les Municipalités de la Vallée de Joux sont convaincues de l’urgence d’agir et de la nécessité de valoriser les ressources renouvelables locales à leur disposition. (…) L’étude d’un nouveau projet est ainsi lancée. Ce nouveau projet devrait comprendre 4 éoliennes au lieu de 7, diminution compensée par l’évolution technologique (…) »

En lire plus: Communiqué du
28 juin 2022 https://www.sevj.ch/wp-content/uploads/2022/06/2022-06-28-communique-de-presse.pdf

Alexandre Couvret, le mot de la fin ?

Nous vivons actuellement une période particulière avec des éléments qui parfois dépassent notre champ d’action. Cependant, la Vallée de Joux dispose, dans son ADN, de ressources qui lui ont toujours permis d’affronter avec succès d’autres types de crises en s’appuyant notamment sur les forces locales. Aujourd’hui, nous avons la possibilité d’apporter chacun notre pierre à l’édifice et nous devons aborder ensemble cette période de manière confiante et engagée.

La réunion « 6 à 8 », proposée le 2 novembre par la SIC et la SEVJ permettra de répondre aux questions plus ciblées des PME combières.

Merci de vous inscrire auprès de l’Adaev au mail suivant : adaev@vdj.ch