L’anniversaire du 450e a mis St-Norbert à l’honneur

La commune de L’Abbaye a proposé un voyage dans l’histoire à ses visiteurs. La première moitié du Chemin de St-Norbert, attraction culturelle du village, a été inaugurée.

La réfection de la tour médiévale de L’Abbaye et sa restitution à sa commune éponyme, il y a deux ans, a initié un élan qui se poursuit avec la dédicace du Chemin de St-Norbert : ce chemin didactique a été présenté au public le week-end dernier et béni par le nouveau curé, en présence de cent vingt convives, dans le cadre du 450e anniversaire de la commune.

La reconstitution de l’arc gothique, dernier vestige de l’ancien monastère, avait été le clou du quatre centième, il y a cinquante ans. Voilà cet arc maintenant flanqué du premier poste du Chemin de St-Norbert, un vitrail à son effigie monté sur un mat de métal de deux mètres.

St-Norbert, fondateur de l’ordre

« Le voici, tenant dans ses mains l’huile sainte, pénétré de sa fonction, recueilli », détaille aux visiteurs Rémy Rochat, historien officieux de notre région et président de l’association dédiée au Chemin de St-Norbert. « Les étoiles, au nombre de douze, représentent les disciples de Jésus. Elles figurent sur le sceau du monastère et de son abbé sur un acte original de 1319. Quant à la lune rousse de printemps, elle évoquerait Pâques et la résurrection du Christ. » Appelée à commenter son oeuvre, la vitrailliste Anne-Lise Vullioud explique timidement: « Le
visage de St-Norbert ne nous est pas connu, aussi, j’ai choisi de le cacher dans sa capuche de moine. Pour les emblèmes qui l’accompagnent, j’ai travaillé d’après des représentations historiques du personnage. Chaque vitrail a demandé un mois de travail. »

Visite guidée

C’est à une visite guidée complète que les visiteurs ont été invités, sur la Place de la Tour, jusqu’à la rivière Lionne et retour, pour découvrir et se faire expliquer les autres vitraux. Le reste du chemin didactique est en effet consacré aux différents métiers qui se pratiquaient déjà du temps des moines, professions manuelles requérant habileté et expérience. Au moment de dédicacer le chemin, le curé Olivier Jouffroy trouvait les mots justes en rappelant « la devise des moines: Ora et labora, en français “prie et travaille”. Ce chemin est une très belle illustration de l’imbrication du travail dans la vie religieuse et du religieux au sein de la
société civile ». Pour la petite histoire, Olivier Jouffroy est entré en fonction une semaine
plus tôt seulement. Originaire du hameau du Campe par ses grands-parents, il a lui-même été moine pendant plus de cinq ans.

Anniversaires communs

Après les discours officiels et la visite guidée, une conférence était prononcée en l’église par Jean-Charles Leroy, supérieur de l’abbaye de Frigolet, dans les Bouches-du-Rhône françaises.
Comme lors de l’anniversaire du 400e de L’Abbaye, les moines prémontrés étaient représentés dans ce qui fut, jadis, la première abbaye implantée en territoire suisse (à l’époque, bien sûr, territoire savoyard). En 1971, c’est le supérieur de l’ordre en personne,
Mgr Norbert Calmels, qui avait fait le déplacement. L’ordre prémontré célèbre cette année lui aussi un anniversaire: celui de son 900e. Il compte encore 1600 membres répartis sur six continents.

Le programme des festivités avait commencé mardi déjà aux Croisettes avec les élus de la région, les employés communaux et le syndic d’Yvorne Edouard Chollet et des représentants
de sa commune. Il s’est poursuivi dimanche, avec une cérémonie oecuménique et un apéritif festif. Quant au Chemin de St-Norbert, il doit encore être agrémenté de quatre stations supplémentaires, dans la partie haute du village.

Souvenirs

Le quatre centième de la commune de L’Abbaye, il y a cinquante ans et sous la syndicature d’Edward Berney, avait été l’occasion d’une liesse populaire importante, avec sa tente de deux mille places dressée pour l’occasion, son banquet offert aux convives, un jumelage officiel avec la commune d’Yvorne, et les prestations musicales de l’Echo des forêts et des élèves des classes de la commune; le tout sous un «soleil complaisant», rapporte votre FAVJ de l’époque.

Cette année 2021, Marc-Agénor Rochat, des Bioux, avait du reste pris soin d’amener un album photo personnel du 400e qu’il montrait volontiers autour de lui. Les autorités de la commune, en particulier leur syndic, n’ont pas ménagé leurs efforts. Deux tentes pouvaient accueillir jusqu’à trois cents personnes, que les restrictions Covid et une bise glaçante n’ont pas permis de remplir. Les temps ont changé.

Terminons sur un rappel: début octobre 1571, une génération après le départ du dernier abbé, la rive droite des lacs, autrefois nommée « Combede-L’Abbaye » ou grande vallée, obtenait sa séparation d’avec la commune jusqu’alors unique du Lieu.