Les restaurants et lieux de culture accusent le coup
Depuis un mois, il faut présenter un certificat Covid
Depuis un mois, il faut présenter un certificat Covid pour accéder aux restaurants, cinémas et autres établissements de loisirs. Premier bilan contrasté.
La chasse arrive sur les tables en même temps que les feuilles des arbres jaunissent et rougissent. C’est un temps faste pour les gourmets comme pour les restaurateurs. Or cette année, depuis que le Conseil fédéral a étendu l’obligation de présenter un certificat à l’entrée des lieux culturels et de loisirs, le 13 septembre, les restaurants combiers ont une nouvelle fois encaissé une nouvelle inquiétante puis constaté les effets.
Des craintes et des surprises
A l’hôtel Bellevue du Rocheray, David Guillot explique : « Nous nous sommes dit : il va y avoir un mois de casse, en attendant que le taux de Vaudois vaccinés passe de 60% à 80%, l’objectif des autorités. Or cela ne s’est pas passé comme nous l’imaginions. Nous avons subi beaucoup d’annulations, mais dès la seconde semaine, les affaires sont revenues à la normale.» Explications : la clientèle de midi au Rocheray est professionnelle et frontalière pour la moitié et celle-ci reste fidèle, même si 20% du remplissage du midi dépend de la météo. La clientèle familiale du week-end, elle, a pris ses dispositions avec le certificat Covid. «Des groupes s’annoncent maintenant à la dernière», précise encore David Guillot.
Annulations confirmées et terrasses à la rescousse
Tous les établissements ne peuvent pas en dire autant. Nicolas Deschamps, à l’hôtel de Ville du Sentier, confirme une forte baisse le soir ainsi qu’à l’hôtel, mais aussi les midis où certains
professionnels renoncent à venir, quand ils sont accompagnés d’une ou deux personnes non vaccinées. Aux Croisettes, l’on annonce également une perte de chiffre d’affaires de moitié la première semaine (par rapport à l’an passé), à peine moins la seconde (40%) et depuis que le mauvais temps est de retour avec le froid, c’est de pire en pire. Le restaurant d’alpage annonce un total de 180 annulations depuis l’extension du certificat Covid, le 13 septembre. « Par ce manque à gagner nous avons malheureusement diminué le nombre de personnel travaillant au service et en cuisine», ajoute une porte-parole. «Nous avons beaucoup d’annulations de groupes qui ont réservé à l’hôtel », témoigne de son côté la Lande, au Brassus. « Notre clientèle coté restaurant du midi a diminué… sauf quand il fait beau notre terrasse est complète avec les gens sans vaccin.» Plusieurs restaurateurs l’ont relevé: la météo joue aussi un grand rôle. «Disposant d’une terrasse, nos clients n’ayant pas de certificat Covid ont la possibilité de manger dehors. Nous avons une baisse de fréquentation certes, mais la température et le manque de soleil n’y sont pas étrangers », annonce Sabine Peitrequin à l’Hôtel de la Truite du Pont.
La clientèle joue le jeu
Seul restaurateur à n’annoncer aucun changement, Roberto Biaggi, du restaurant du Lac au Pont. «Notre clientèle est même rassurée par les nouvelles mesures en vigueur et nous avons une liste d’attente. Les chiffres à l’échelle suisse le confirment : les clients ne veulent pas manquer l’opportunité de retourner dans les restaurants», explique celui qui fait partie des instances de GastroSuisse. David Guillot, au Rocheray, confirme: « Nous n’avons pas un rapport de type “gendarmerie” avec la clientèle. Celle-ci joue le jeu». Roberto Biaggi concède: «La diminution de la clientèle est un fait avéré, surtout en ville, le midi: la clientèle “business”
s’est vraiment mise au télétravail. Chez nous, à La Vallée, c’est aussi peut-être dû d’abord à la conjoncture et à la météo. Je trouve pour ma part que le Covid a bon dos… »
Culture: les fidèles parmi les fidèles
Du côté des manifestations, les plus grandes prévues cet automne, à l’instar de la Fête du Vacherin, sont passées à la trappe. Restent les événements plus réguliers, qui eux aussi, ont dû composer avec un public combier partiellement réfractaire à se faire vacciner ou à payer le prix de tests réguliers. Aux Rencontres Culturelles, on annonce : « On dit que les gens ont soif de culture, mais ce sont surtout les fidèles. Le certificat Covid, libératoire pour nous, a certainement contribué à retenir une part de population locale. On ne peut que confirmer un retour timide aux activités ».
Recul aussi au Centre sportif
Dernier pointage auprès du Centre sportif, lequel cumule une triple fonction de restaurant, de centre sportif et de loisirs. Là aussi, l’impact est non négligeable, avec un recul de la fréquentation de 40% au restaurant et de 30% pour la clientèle sportive, celle des cours collectifs et du fitness. « Nous avons également restreint les horaires d’ouverture pour être en mesure de garantir les contrôles, c’est un devoir de l’établissement », rappelle Delphine Toro, directrice ad interim. « Il y a une incompréhension chez certains clients quant à ces contraintes qui nous sont imposées, à nous aussi. On ne peut qu’avoir une forme d’empathie vis-à-vis d’eux. Nous ne pouvons pas, en revanche, offrir des aménagements ni aller plaider
auprès des autorités. »
Derniers tests gratuits pris d’assaut
Le certificat de l’Union Européenne a été introduit le 1er juillet denier. En France, il a été instauré le 9 août et en Suisse, le 13 septembre dernier. Même avec une baisse des contaminations et des hospitalisations actuellement constatée, les autorités maintiennent la pression sur la population dans un pays qui fait partie des moins vaccinés parmi les nations riches, en invoquant toujours l’éventualité d’une surchauffe du système hospitalier. A noter, à ce titre, les pharmacies offrant des tests en vue de l’obtention d’un certificat ont été prises d’assaut le dernier jour où ceux-ci étaient gratuits, le samedi 9 octobre, avec une cadence de passage toutes les cinq minutes, à la place des dix habituelles. Depuis lundi dernier, les tests, également pour les pratiquants d’un sport d’intérieur dès seize ans qui affrontent des équipes de plaine en match, sont devenus payants.