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Commerçants fermés, où en sont-ils ?

Cette épidémie commence à laisser des traces dans nos commerces combiers

Il y a ceux qui ont gagné à la loterie des exceptions, il y a ceux qui ont dû, la mort dans l’âme, baisser à nouveau leur rideau. Cette épidémie commence à laisser des traces dans nos commerces combiers. La FAVJ est allée à leur rencontre.

Helvetica Horlogerie

Après une ouverture en novembre 2019 et un premier semi-confinement engendrant une fermeture de trois mois en mars 2020, la bijouterie de la Grand-Rue au Sentier a dû se séparer de trois employés «à peine engagés, raconte Heidi Conus-Reutlinger, directrice, dont deux n’ont même pas pu finir leur période d’essai. On ne rentre plus dans nos comptes avec les charges à payer, notamment les assurances et le loyer. On espère qu’on va pouvoir travailler comme on veut. On a mis en place un concept sur notre site www.helvetica-horlogerie.ch, que l’on a mis à jour, notre page Facebook et Instagram, on peut commander sur le site, par téléphone ou réseaux sociaux, on s’occupe de la livraison.

On a refait les vitrines pour la Saint- Valentin, les gens peuvent venir regarder et puis appeler, le numéro est sur la porte, si quelque chose leur fait envie, nous sommes à disposition. Il est important de se tenir les coudes entre commerçants et un grand merci aux clients qui nous restent fidèles. Si tout le monde joue le jeu, on peut rester optimiste.»

Mouquin Chaussures

«La partie cordonnerie reste ouverte,explique Bertrand Mouquin. Légalement on peut vendre des chaussures et des chaussettes pour bébé. Mais la partie magasin est fermée, alors on a épuré la vitrine pour que les clients puissent regarder nos produits et commander par la suite. N’oublions pas que les soldes c’est maintenant, et c’est important pour nous. J’avoue que c’est un peu la catastrophe, les aides sont quasiinexistantes.

Mon personnel est au chômage technique depuis novembre et là j’ai deux employés en arrêt. Les gens ne vivent plus, ils restent chez eux et ça peut avoir des conséquences graves pour la vie sociale de la Vallée de Joux! Les petits commerces étaient déjà impactés par la vente en ligne avant la pandémie. On a passé trois jours avec mes filles à refaire notre site http://bmouquin.wixsite.com/ website, on a fait un catalogue, pris nos produits en photo pour montrer qu’on n’est pas fermés! Mais les gens sont aussi perdus que nous et ce n’est pas notre but de travailler comme ça, le rapport social aux clients, qui sont aussi nos amis est très important pour moi. On est tributaires de beaucoup de nos clients qu’on aime! Si je n’avais pas eu ça, j’aurais fermé dès la première vague, je suis très sensible à ça. J’étais en voie de remise de l’activité à ma fille l’année prochaine… Les collections posent problème, on doit actuellement choisir l’hiver, l’été doit arriver mais si on ne peut pas vendre, ça devient compliqué. Je trouve déplorable qu’on n’ait pas eu d’aides des communes, au moins des aides d’emprunt. Les seules aides réelles qu’on ait eues sont les bons Qoqa, qui ont bien marché en décembre. Les petits commerces sont en train de mourir à petit feu, on doit rester une commune de proximité sinon la Vallée de Joux va devenir un dortoir. Les gens doivent revenir, on a besoin d’eux, ils sont devenus des amis! On est encore vivants, il faut rester positif mais c’est difficile. J’ose espérer la réouverture début mars sinon c’est la catastrophe!»

Bodytechcomby

Le Studio fitness a ouvert ses portes juste après le premier semiconfinement en mai 2020, pour les refermer en novembre. Une petite réouverture puis le couperet tombe: fermeture depuis le 4 janvier. «Je croise les doigts pour la réouverture en mars, commence Héloïse Comby, fondatrice, les charges continuent de tomber -loyer, assurances, etc.- et aucune rentrée possible. J’ai une aide minime de l’Etat, limite dérisoire. On est encore en crise et c’est là qu’on apprend à s’adapter. J’y vois une opportunité d’innovation: je profite de ces semaines de fermeture pour tester de nouveaux produits qui permettraient de reprendre un rythme d’entraînement hebdomadaire. Par obligation je me crée de nouvelles opportunités. L’entraînement à l’intérieur est encore menacé mais je peux proposer des entraînements à l’extérieur, en individuel, notamment grâce à une combinaison qui se base sur la même technologie disponible au studio (électrostimulation), avec un équipement sans fil, connecté par Bluetooth qui permet une plus grande liberté de mouvement. Un entraînement qui se baserait sur des parcours combinant exercices et cardio. On pourra s’entraîner par tous les temps, la combinaison permet de se couvrir, vêtir un anorak et un training par-dessus. C’est une option que je proposerai fin-février, même en cas de réouverture: un essai gratuit sera offert à mes clients actuels et potentiels! Cela me permettra d’offrir à des personnes qui ne sont pas adeptes des entraînements en salle de bénéficier de la même
technologie que je propose au studio.» Téléphone: 079 912 04 07 ou
www.bodytechcomby.ch

Bonny électroménager

«La situation actuelle est mauvaise, confie Christophe Bonny, mais nous sommes disponibles pour les dépannages, livraison et recharge de clés de lessive. On a des employés aux RHT, on a demandé des aides, ils ont pris note… alors on attend. En conséquence notre chiffre d’affaire dégringole! Nous ne sommes pas encore en péril mais il ne faut pas que ça dure. Pour le moment on n’envisage pas de faire autre chose qu’actuellement mais si ça s’aggrave, il va falloir y réfléchir. On ne comprend pas pourquoi on ferme alors que d’autres sont ouverts, on est capables de gérer deux personnes à la fois! On a mis en place une maintenance téléphonique au 021 845 41 92, avec les horaires réduits.»

De Fil en Aiguille

«Le magasin subit, comme les autres, les fermetures mais je prends toujours les commandes par téléphone 021 845 65 19 et par mail andrewagner@bluewin.ch, explique Laurence Wagner, propriétaire, ça me permet de garder ma fidèle clientèle. Je m’étais un peu préparée à la fermeture de mon commerce, mais c’est embêtant car les gens ne peuvent pas venir choisir leurs produits pour commencer un nouvel ouvrage, c’est difficile d’expliquer exactement ce que l’on veut comme laine par téléphone ou par mail. On a de catalogues et des échantillons au magasin, et les consulter sur place, ça change tout. Les gens qui connaissent bien, c’est ok mais pas les autres, on doit se rendre compte de visu. Je continue à faire les retouches dans mon atelier derrière. J’espère pouvoir rouvrir le 1er mars mais ça reste compliqué pour les commandes d’été, je me pose des questions sur le long terme, je ne sais pas quoi commander. Pour le moment, j’arrive encore à régler les factures mais c’est l’avenir qui me questionne, car je dois renouveler régulièrement ma marchandise. Je remercie vivement ma fidèle clientèle, les habitants de la Vallée de Joux qui ont toujours répondu présent. Grâce à eux, je peux continuer mon activité! Je suis disponible par téléphone pour toute commande ou conseil!»

BCR

«J’ai la boule au ventre mais on ne se laisse pas couler, confie Cathy Richoz, on va se battre tant qu’on peut! Je suis toujours en vie et c’est un cadeau, les gens ont besoin de nous comme nous d’eux. Actuellement c’est le status quo. On positive, on fait de la pub, on a le SAV qui fonctionne, on est joignables par téléphone 021 841 15 37 ou par mail bcrsarl@bluewin.ch. On reçoit des commandes et on fait les livraisons, à La Vallée. C’est important le service à la clientèle. On refait du rangement, on ne reste pas à se morfondre! On est tous dans le même panier, la Vallée de Joux doit rester un art de vivre, pas un art de mort! Si tout le monde baisse les bras, c’est fini! On avance pour sortir la tête de l’eau, les gens doivent jouer le jeu. Nos économies ont toutes été utilisées au printemps, alors on trouve des astuces, on est d’ailleurs ouverts à toute proposition, si quelqu’un a des idées, on est preneurs! On va faire en sorte que les gens reviennent, en proposant des réductions. On doit refaire vivre la Vallée de Joux, après la pluie vient le beau temps, tant qu’on a la santé…»

Zap Boutique

«On est toujours dans l’attente, explique Frédérique Goy, on a une permanence téléphonique quasiment aux mêmes horaires d’ouverture et la possibilité de livraison. Mais c’est dur de joindre les deux bouts. On attend les aides, il a fallu boucler les comptes en deux jours, c’est soidisant simplifié mais ce n’est pas simple! Nous n’avons aucune rentrée, il y a beaucoup d’incertitudes car on paye les fournisseurs et on continue à tourner sans argent. On a dû mettre deux employés aux RHT… On s’encourage, on a nos clients qui nous soutiennent, on a de la chance d’être à la campagne et d’avoir cette solidarité qu’on trouve ici, c’est ça qui nous tient. Si nous n’avons pas d’aides ça va être compliqué de rester ouverts, ça nous ferait un deuxième endettement. Mais on est toujours là, les commandes sont possibles, nous sommes joignables par téléphone, les réseaux sociaux et notre site www.zapboutique.ch. Un grand merci aux clients, c’est pour eux qu’on tient le coup et que l’on garde espoir, c’est notre moteur.»