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Plus qu’un seul réseau d’eau à La Vallée

L’aboutissement d’un projet dont ont rêvé les anciens depuis une trentaine d’années

ValRégiEaux (pour «Association intercommunale pour la distribution de l’eau à la Vallée de Joux») centralisera dès le 1er janvier prochain la collecte, le traitement et la distribution. Les nouveaux organes intercommunaux chargés de piloter la structure ont été assermentés au Sentier. C’est l’aboutissement d’un projet dont ont rêvé les anciens depuis une trentaine d’années.

Une nouvelle association intercommunale est née le 8 septembre, sur un modèle récurrent en la Haute Combe pour ce qui touche aux services à la population: Une association intercommunale pour la distribution de l’eau, abrégée «ValRégiEaux». Les dispositions légales toujours plus pointues ont poussé à cette centralisation et cette professionnalisation des services. L’interconnexion du réseau «tout autour du lac» et sa centaine de kilo- mètres de conduites étaient déjà acquises physiquement depuis trois ans grâce à la réalisation d’un réservoir au Lieu et à la création d’une conduite de liaison avec le réseau de la commune du Chenit.

Pas de différence pour le consommateur

Et alors, au robinet du Combier lambda, quel changement y aura-t-il? «Aucun!» répondent en chœur Loïc Rogenmoser, fontainier au Chenit et désormais pour toute La Vallée et Lionel Baruchet, président du comité directeur nouvellement élu. Le premier changement perceptible arrivera l’été prochain avec la facture d’eau et d’épuration adressée aux propriétaires, laquelle arborera non plus les logos communaux mais celui de ValRegiEaux. En effet, la livraison de l’eau était encore dernièrement, au même titre que l’éclairage, une compétence communale et villageoise.

Dans le cas de l’eau, on comptait six distributeurs, communes et fractions de communes. Ceux-ci collaborent depuis plusieurs années; c’est le comptabilité et l’exploitation qui vont désormais être mutualisées. Valeur à neuf de l’ensemble: quarante millions.

Une question de qualité et de sécurité

«Les préposés, souvent les administrateurs des villages, vivent cela comme un soulagement. Le processus de contrôle qu’il fallait soumettre au canton était trop exigeante. Cela relève de la microbiologie et de la microchimie», explique Lionel Baruchet. Comme pour tout produit alimentaire (la distribution d’eau est régie par la loi sur les denrées alimentaires), la traçabilité et les contrôles doivent être assurés et documentés. Nous découvrons la liste d’éléments indicatifs de pollution qui doivent être surveillés: il y en a pour deux pages et demie!

C’est aussi l’une des raisons pour les-quelles les municipalités ont souvent été discrètes à l’heure de communiquer sur le réseau d’eau. Une eau brunâtre dans une cuisine au Sentier et le soir, grâce aux réseaux sociaux, il se peut que La Vallée entière se rue sur l’eau en bouteille des supermarchés. Par le passé, des problèmes ont pu venir d’épandages ou des rares dernières maisons connectées à une source privée, mais il n’y a plus eu d’épisodes de pollution depuis de nombreuses années.

«Nous effectuons un auto-contrôle hebdomadaire. En plus, les contrôles cantonaux peuvent être inopinés», détaille Loïc Rogenmoser. L’eau à La Vallée a une qualité brute élevée, supérieure au Plateau et elle couvre largement les besoins locaux. Quant à l’exploitation, c’est depuis la STEP du Sentier et avec la même équipe de quatre personnes qu’elle sera assurée, avec une garde en permanence. «Le gros travail actuel du bureau technique consiste à intégrer tous les plans des vannes, des parcelles et des canalisations sur la plateforme Géocommunes», indique Loïc Rogenmoser.

Investissements futurs

Pour revenir au consommateur, ValRegiEaux ne proposera pas à tous une seule et même «eau combière». «90% de que les gens boiront restera villageois. L’interconnexion nous permet de compenser en cas de pollution, de manque de débit ici ou là, ou de travaux sur une section.» Justement, ValRégiEaux devra consentir des investissements conséquents dans les cinq ans qui viennent. Des conduites à renouveler (la plus ancienne est de 1939!), un réservoir supplémentaire entre Les Bioux et L’Abbaye ainsi qu’une éventuelle remise en fonction du captage sur la Lionne.

Souvenirs d’un préposé au réseau d’eau

Par Patrick Cotting, syndic de la commune du Lieu

«Ce jour est un grand jour. Depuis 35 ans que je m’occupe des réseaux d’eau villageois puis communal, enfin, on y est! Beaucoup d’eau a coulé depuis 1985. J’ai commencé avec une station de pompage aux Charbonnières, chauffage au mazout avec un fourneau et une citerne. On rem- plissait le poêle avec un arrosoir. Puis je trouvais bizarre que nous devions acheter de l’eau au Pont chaque année alors que notre source donnait 120 et 150 litres/minute. Alors nous avons réparé notre réseau, énormément de fuites et du coup, nous sommes redevenus autonomes. Nous avions 250 mètres cubes par jour, contre aujourd’hui 80 à 100 mètres cubes. Par bonheur, Le Pont nous facturait l’eau pas cher et avec une décimale de moins. Pas facile de lire un compteur… Une fois, un citoyen a trouvé un point d’eau dans un pré. Captage, mise en place d’un bassin. Malheureusement, on s’est vite aperçu qu’il s’agissait d’une fuite en amont.

On a vécu beaucoup de soucis avec ce joyau qu’est l’eau, beaucoup de séances de discussions, de remises en question… Aujourd’hui, nous y sommes. Le résultat, c’est ValRégiEaux. Un immense merci à tous ceux qui ont œuvré à sa création.»