Catégories
News

Eoliennes sur nos crêtes: une étape de franchie

Décision cantonale sur Eoljoux encore cette année ?

Le 8 juin, le Tribunal cantonal a validé le projet du Mollendruz. Les promoteurs du projet Eoljoux, qui doivent encore franchir ce cap juridique, saluent une décision qui va dans le bon sens.

Non, le projet Eoljoux n’a pas reçu son permis de construire. Ni même encore complété son projet pour permettre au Tribunal cantonal de statuer. Ce sera vraisemblablement pour la fin de l’année. Mais une décision de justice prise la semaine dernière a été accueil- lie comme une bonne nouvelle par ses promoteurs. Elle les concerne indirectement. On sait que dans ce dossier sensible, la volonté politique de sou- tenir la production d’énergie renouvelable indigène, consacrée dans la stratégie énergétique 2050, se heurte dans la pratique à des obstacles et des oppositions systématiques – parfois même des agences fédérales, comme dans le cas de la Vallée de Joux au nom de la protection du grand tétras.

Les tribunaux ont fait leur travail

La Cour de droit administratif et public du Tribunal cantonal vaudois a rejeté les recours des opposants au projet du Mollendruz et ses douze hélices (sur les territoires des communes de Juriens, Mont-la-Ville, La Praz et Vau- lion). Cette décision du 8 juin consacre la priorité de la stratégie énergétique fédérale et de la volonté populaire. Elle est d’autant plus importante que parmi les projets vaudois «des crêtes» (dont Eoljoux, Premier – Vallorbe – Vaulion dit Sur Grati, Sainte-Croix et le Mollendruz) ce dernier est le plus ambitieux et celui sur lequel le WWF, un des opposants, s’est engagé comme s’il était la mère des batailles. Las, les juges lausannois ont jugé le projet conforme en matière de préservation des sites protégés, d’impact sur la faune et de mesures de compensation. Il ont ainsi imputé les frais de justice, dans les quarante mille francs, aux opposants.

Ils ont dit

«Nous sommes très satisfaits de constater que les tribunaux sont conscients des enjeux et donnent un intérêt prépondérant à la production d’énergie renouvelable dans la pesée des intérêts», commente Laurent Reymondin, municipal au Chenit et directeur d’Eoljoux. «C’est maintenant le quatrième jugement au Tribunal cantonal qui balaye les arguments des opposants! Ceci constitue déjà une jurisprudence assez solide pour le futur de l’éolien dans le canton.» Alain Bourqui, directeur de la SEVJ, a lui aussi par- couru les soixante pages de considérants du jugement cantonal et relève: «Les juges ont validé des éléments que nous défendons depuis vingt ans, par exemple l’effet provisoire et réversible de l’éolien. Ce ne sont pas des balafres indélébiles sur le paysage. Mettons qu’un jour, on décide d’enlever les mâts, le lendemain déjà, les vaches pourraient paître tout autour.»

Et maintenant l’étape fédérale

Quant à l’électricité verte produite par les airs du Jura vaudois, il faudra encore attendre, que les opposants saisissent le Tribunal fédéral et que celui-ci se prononce. Le projet éolien de Sainte-Croix sera ainsi le premier vaudois à passer prochainement devant les juges fédéraux et son cas fera à nouveau école. Sur le site d’Energie Naturelle Mollendruz SA, la construction est annoncée courant 2022, dans deux ans, donc.

Décision cantonale sur Eoljoux encore cette année ?

Les projets éoliens vaudois (19 au total) sont tous «dans les tubes» depuis des lustres, mais à des vitesses différentes. Celui d’Eoljoux, aux Grands Plats au-dessus du Brassus, est l’un des plus anciens mais il doit encore passer l’étape du tribunal cantonal que quatre autres ont maintenant franchie.

En cause, le fameux tétras. «Ce qui est grave, ici, c’est le poids des préjugés suisses. Nous attendons depuis longtemps qu’on veuille bien tenir compte de l’expérience de terrain faite dans les pays voisins», déplore Alain Bourqui.

De fait, le tribunal cantonal est venu en novembre dernier sur place, malheureusement en l’absence des deux ornithologues étrangers sollicités par les promoteurs d’Eoljoux.

Une audience supplémentaire devait avoir lieu ce printemps mais, pour cause de Covid, elle a été reportée en septembre. Les promoteurs espèrent ainsi une décision les concernant cette année encore.