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Parents d’élèves: les reconnaissants, les privilégiés et les autres

Avec le retour des grands élèves en classe, le réouverture des classes est complète.

Avec le retour des grands élèves en classe ce mardi 2 juin, le réouverture des classes est complète. Les petits, eux, ont déjà repris, en alternance et par demi-classe, il y a trois semaines. Nous donnons cette semaine librement la parole à quelques parents combiers et une gymnasienne pour évoquer onze semaines pas comme les autres.

«LES BONNES INITIATIVES PERSONNELLES DES ENSEIGNANTS»

«L’information aux parents est passée en majeure partie par les profs. Mon grand, en neuvième année, s’est facilement habitué à la plateforme en ligne. Dans les petites classes, c’était plus aléatoire, car l’information nous parvenait par de multiples canaux, WhatsApp, les textos, les e-mails, Discord puis TeamUp. Au début, on pouvait tout à fait comprendre que dans l’urgence, il faille s’adapter, que tout ne jouait pas, etc., mais j’aurais bien aimé, après quelques semaines, que la direction s’engage auprès des parents en les informant directement. Or non, les courriers qui nous parvenaient étaient généraux et signés du canton; il n’y avait rien entre les communications spécifiques aux classes et celles du canton, rien qui concerne La Vallée directement. Et en plus, des instructions sont arrivées très tard, un vendredi, par exemple, avec des effets dès le lundi suivant avec un week-end pour s’organiser. 

Mais les profs ont bien bossé. Mon grand s’est rapproché de sa prof, qui s’est montrée très disponible. Pour le plus petit, l’enseignante a proposé aux élèves d’envoyer des images de ce qu’ils faisaient, à partager avec les camarades. Les petits de dix ans étaient super intéressés par le vécu de leurs copains! 

Voilà ce que je retiens donc de ce confinement: les bonnes initiatives personnelles des enseignants. S’il vous plaît, au prochain virus ou à la prochaine vague, qu’il n’y ait qu’un seul canal de communication, pas trente-six.» (J. M., chef de production)

«DES PRIVILÉGIÉS»

«Je me suis consacrée à mes enfants, sans le stress d’un travail à côté. Certes, au début, comme tout le monde, on pédalait dans la semoule, craignant de manquer une info importante pour un de nos trois enfants, entre neuf et quinze ans, alors que tel prof privilégiait Zoom, tel autre TeamUp et un troisième les courriels. Mais ensuite, de mon point de vue, c’était facile. 

Pour la petite histoire, j’ai déjà fait l’école à la maison, il y a plus de dix ans, quand nous avons vécu une année à l’étranger avec mon mari. La Confédération ne donne aucun matériel aux parents. Là, pendant le confinement, je n’avais pas à créer les cours, les profs continuaient à nous donner le travail et je n’étais là que pour aider mes enfants et les superviser. Littérature et histoire, cela allait très bien. Pour tout le volet scientifique, mon mari intervenait au besoin. 

Y a-t-il eu des tensions? Oui, je me suis fais crier dessus, comme quoi je ne comprenais rien, j’expliquais mal et j’étais pas prof – oui, ce n’est pas une nouvelle. Mais j’ai pu être disponible pour mes enfants et on s’en est bien sortis, en conclusion. Notre aînée, a beaucoup aimé se gérer toute seule, choisir quand et comment elle voulait étudier; pour elle, le confinement a été positif, mais elle a beaucoup de facilité. Ma question, c’est comment ont fait les élèves en difficulté? Comment ont fait les parents allophones? Ils n’ont tout simplement pas fait, probablement. On a sans doute pas été égaux pendant le confinement!» (M. R., mère au foyer)

«LES PLUS GRANDS AIDAIENT LES PLUS PETITS»

«Cela a été un choc, les premiers jours, de devoir envisager comment on allait devoir tout réorganiser. Heureusement, je suis indépendant et j’ai pu prendre une semaine entière, la première, pour installer un petit bureau pour chaque enfant, les guider dans leurs premiers pas et établir les communications avec les enseignants. 

Je me suis demandé comment ils allaient s’en sortir avec des ordinateurs normaux, avec traitement de texte et souris, eux qui maîtrisaient tous leurs smartphones mais pas vraiment les bons vieux ordinateurs de notre génération. En fait, ils s’en sont très bien sortis aussi. 

Au début, on avait l’impression que c’était presque un jeu pour eux. Nous autres adultes devions gérer notre job, l’école des enfants, les incertitudes économiques et sanitaires, tandis que les enfants ont pu rester insouciants et développer l’entraide scolaire entre eux, les grands faisaient répéter le petit et même entre camarades de classe, faisant leurs devoirs en groupe via les réseaux.

J’ai trouvé que les profs ont été réactifs, se sont mobilisés et adaptés rapidement, en se rendant souvent disponibles pour leurs élèves, en visio de classe et également en visio privé quand c’était nécessaire. 

A la fin, l’un de mes enfants était reconnaissant de retrouver ses camarades, qui lui avaient manqué et l’autre ne voulait surtout pas retourner à l’école. J’ai été soulagé que tous passent leur année (et eux aussi). Je crois qu’il nous faut apprécier la largesse des autorités scolaires, qui ont tout fait pour que les élèves même défavorisés, par la force des choses, souvent, aient leur promotion.»
(C. H., dans les soins à la personne)

«J’AI DÛ TROUVER MA PROPRE MOTIVATION ET MON PROPRE RYTHME DE TRAVAIL»

Au début, la situation était assez bizarre, nous n’avions pas tellement d’info et rien ne nous avait préparés à ça. Il a fallu tout d’un coup s’organiser, se prendre en charge et ce, des deux côtés, les profs et nous. Des fois, il n’y avait pas tous les cours qui suivaient, mais petit à petit, j’ai pris mes marques et trouvé mon organisation, mon rythme. Les profs ont essayé de suivre le programme, mais c’est assez difficile quand tout le monde doit travailler à la maison: typiquement, les évaluations n’ont pas pu se faire. C’était à nous de trouver la motivation de continuer à travailler. Bien avant qu’il soit dit officiellement que nous passerions l’année, je sais que des camarades ont senti le truc, c’était bon et ils ont lâché les cours. J’estime pour ma part à 60% le temps de travail que j’ai accompli à domicile par rapport au présentiel en classe.

Avec les camarades, on parle pas mal sur les groupes WhatsApp – on a eu le droit de créer de tels groupes avec nos profs – mais il y a moins d’interaction que d’ordinaire, parce qu’on ne vit plus ensemble et qu’on a moins de choses à se dire, juste le scolaire.

Je sais déjà que j’ai mon baccalauréat, à cause des notes sur l’année. Les camarades qui sont en échec retourneront en cours le 8 juin, avec les première et les deuxième années. Et ils pourront passer des examens en août. Pour nous autres, c’est optionnel et sur inscription. J’irai peut-être pour certains cours, on verra. Sur la valeur de mon diplôme, oui, des fois je me pose des questions, c’est vrai. On se dit qu’on va peut-être être mis dans la case des «privilégiés de 2020», je n’aurai pas d’examen qui me sécuriserait complètement, mais j’ai quand même travaillé tout au long de l’année, et si je passe, c’est que j’ai les notes pour. A la rentrée, je serai à Lausanne pour une année de prépa à la fac de médecine.» (M. A., gymnasienne)