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Le Grand Confinement chez les indépendants

Seuls dans leur coin ou accompagnés d’un ou deux employés, nos indépendants sentent la crise du Covid-19 passer de plein fouet. Les effets secondaires du Grand Confinement commencent à se manifester alors que les trésoreries ont beaucoup souffert de l’arrêt brutal des activités et que d’autres arrivent à tirer leur épingle du jeu. Interview avec quelques-uns d’entre-eux.

Le Petit Marché au Pont

Isabelle Jossevel, gérante de la superette s’affaire ce samedi matin pour servir sa clientèle. Pas plus de 5 personnes autorisées dans le magasin, les habitués connaissent la musique et attendent patiemment devant la porte qu’un client s’en aille pour pouvoir y entrer. «On est restés ouverts tout le temps, mais avec des horaires réduits. C’est devenu compliqué entre la gestion des commandes et des achats, les changements de fréquences, les livraisons à domicile, les commandes de pain pour le lendemain et perpétuellement recharger l’alimentaire… J’ai beaucoup de travail et je suis seule. Il y a beaucoup plus de touristes, mais ce ne sont pas les habituels, ceux-là ont un peu moins de respect que les gens de La Vallée, on voit que ce sont des gens des villes. On s’en sort mais c’est pas évident, on verra quand tout ça sera terminé.»

Caro Coiffure, au Brassus

Carole Bassetti, gérante du salon de coiffure du Brassus, ronge son frein: l’annonce de la réouverture prochaine de son commerce la réjouit, tout en s’affairant sur le respect des mesures sanitaires à mettre en place au salon. «J’ai ouvert en juillet 2019, j’avoue que cette crise n’est pas très bien tombée. J’ai fait des demandes d’aides aux APG (assurance perte de gain) mais, au contraire de mes collègues de plaine qui ont reçu des montants dérisoires, limite scandaleux, je n’ai rien reçu. Les charges continuent mais, heureusement les loyers de mars et avril ont été offerts par le village, je ne les remercierai jamais assez. Ça fait du bien des gestes comme ça, surtout que ce sont eux qui sont venus vers moi!

La reprise est au 25 avril, je suis contente car le carnet de rendez-vous se remplit petit à petit, tout en prenant compte des mesures sanitaires: ce sera un client à la fois, alors il y aura sûrement un peu d’attente!»

Lpicture, à l’Abbaye

Léo Poget, est photographe à son compte depuis 3 ans. «Pour moi, ça ne s’est pas vraiment arrêté, ça s’est considérablement réduit mais j’ai toujours des gens qui me demandent des images. Pour ce qui est de mon activité, comme je suis seul et que je prends des photos la nuit ou au coucher de soleil en pleine forêt ou dans des endroits isolés, ce confinement ne change pas grand-chose de ce côté-là. J’ai profité de cette situation pour vendre des photos et pouvoir joindre les deux bouts. Economiquement parlant c’est pas terrible. Pas trop de soutien de l’Etat. Je fais partie des professions, tels les sculpteurs ou menuisiers, qui ont été laissées de côté et pour qui tout s’est arrêté. Faire des prêts à 0% d’intérêts n’est pas une solution… Normalement, ça devrait repartir mais beaucoup d’événements sont annulés… on verra après les 2 – 3 premiers mois pour voir l’ampleur des dégâts, en espérant que le contre-coup ne se ressente pas trop fort. C’était déjà un peu tendu avant, quelque part j’ai absorbé un peu mais cette paralysie partielle de tout un secteur économique est sans précédent!»

JM décorateur d’intérieur Juriens Michel, au Brassus

«Mon carnet de commande était plein avant cette crise, du coup j’ai beaucoup de travail à faire en ce moment. Les employés que j’avais étaient intérimaires et comme ils viennent de l’autre côté de la frontière, avec des permis de travail de 3 mois qui se sont terminés en mars, je me retrouve seul à tout faire. Je pense que mes soucis vont commencer après, car je n’ai plus trop de commandes. J’avais demandé au Centre Patronal si je pouvais continuer à exercer mon activité, on m’a répondu que j’étais obligé de continuer. Mes commandes sont compromises, je n’en ai aucune des horlogers et pas trop d’aide de l’Etat. La claque, je me la prendrai plus tard je pense… »

Cotting SA, Les Charbonnières

Patrick Cotting, syndic de la commune du Lieu et patron de Cotting SA, raconte «on a fermé trois semaines, presque un mois. On a repris à 50%, avec un seul employé par chantier, une seule voiture, et toutes les mesures sanitaires respectées. Economiquement parlant, on ne fait plus de chiffre d’affaire. On a fait une demande aux RHT (réduction horaire de travail) pour que tout le monde ait au moins 80% de son salaire, mais on attend toujours la réponse. On supporte le manque à gagner en attendant. Les trois quatre prochains mois vont être durs, les chantiers vont gentiment redémarrer. Les employés continuent à être payés, je prévois peut-être du chômage car on risque d’être pénalisés plus tard, avec l’effet boule-de-neige. Nous avons la chance d’avoir une clientèle très tolérante et très compréhensive sur les délais, les gens sont corrects et c’est très positif. Plus généralement, si la majorité des entreprises combières s’en sortent, ce serait magnifique!»