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Denrées alimentaires: presque un retour à la normale

L’approvisionnement des commerces combiers n’a souffert que d’un petit choc initial. Les frontières toujours ouvertes expliquent cela. Les échos d’un restaurateur-traiteur et d’un commerce de détail.

Cet article a été initialement publié sur la Feuille d’Avis de la Vallée de Joux

Oui, les temps ont changé. Un passage dans l’un des commerces d’alimentation de La Vallée vous renseigne directement: les clients, moins nombreux et silencieux, se tiennent à distance les uns des autres, se fuient et s’évitent même du regard pour les plus craintifs; aux caisses, des marques jaunes au sol jalonnent le chemin et des écriteaux rouge «Gardez vos distances» rappellent les consignes de sécurité. Dans les grandes surfaces, du personnel supplémentaire a été affecté à réguler les flux de clients et à surveiller les comportements individuels. Sur les étals, par contre, tout est là, produits secs, produits frais, comme si de rien n’était.

Perturbations initiales

N’empêche, il y a eu des perturbations. «Il y a deux semaines, on a eu des rayons vides parce que les gens ont acheté plus que d’ordinaire, particulièrement le papier toilette et les désinfectants. De même les alcools: les camions avaient dans un premier temps recentré leurs livraisons sur les produits de première nécessité et nous n’étions plus livrés», observe Fabienne Collaud, propriétaire-gérante du Denner local. «Mais tout cela revient un peu à la normale». Son commerce de détail est livré deux fois la semaine et quotidiennement pour les fruits et légumes. «Heureusement que les frontières restent ouvertes, on a les fraises d’Espagne, les citrons et les ananas d’Afrique. S’ils ferment, on ne sait vraiment pas comment ça va aller…», évalue Fabienne Collaud.

Les consignes sont rentrées

Dans sa succursale du Sentier, une signalisation est apparue et les caissières sont désormais protégées d’un plexiglas. «On n’aime pas trop que les clients nous tournicotent autour, ni de voir les familles et les personnes âgées. On demande aux clients de tenir les distances de sécurité et c’est rentré gentiment dans les têtes. Au début, nous avons dû faire de la discipline». Ce sont les personnes âgées, selon la gérante, qui ont le moins facilement accepté ces restrictions. Certaines lui ont même reproché sa dureté. «Je les comprends, ces aînés qui allaient faire des courses le matin, prenaient leur café et socialisaient… Leurs petites habitudes ont été chamboulées.»

Equipe réduite

«Depuis que les rayons sont réapprovisionnés, on va un peu mieux», confirme Christophe Vaney, restaurateur et traiteur au Sentier et à L’Orient. «Juste pour la volaille, qui vient de Suisse, on la reçoit au compte-gouttes. Nous avons aussi dû renoncer à fournir certains produits très spécifiques, des perches fraîches, par exemple. Mais pour le reste, pas de perturbations majeures». Chez lui aussi, il a fallu absorber un choc initial: «Au début de confinement, les grossistes où se fournissent les restaurateurs étaient dépassés pour tout ce qui était sec, pâtes et levures». Autre effet du confinement, son équipe d’une dizaine de personnes est réduite à deux, l’apprenti et lui-même. «La partie traiteur de notre activité est quasiment à l’arrêt: manufactures et école technique sont fermées et les familles ne font plus de repas de fête. Le moral a pris un petit coup au démarrage, mais on sauve les meubles, je suis content, il faut rester positif!», déclare le trentenaire.

Le restaurateur-traiteur Christophe Vaney (à g.) a repris et réaménagé les locaux de la boucherie Brunisso à la Grand-Rue du Sentier en janvier dernier.

Les deux avantages des petits commerçants

Heureusement, il n’y a pas que des mauvaises nouvelles! Les petits commerçants témoignent en effet d’un nouvel élan en leur faveur. «En grande surface, c’est glauque et oppressant. Je ne vais plus que chez les fromagers, les poissonniers et les maraîchers, où l’ambiance est complètement différente. Bon, c’est vrai, ils n’ont pas à gérer beaucoup de personnes à la fois», témoigne une dame Rochat. A la laiterie du Solliat, des clients l’affirment: «On profite de venir soutenir les petits commerçants!» Fabienne Collaud observe le même effet positif dans les points de vente de détail des Bioux et des Charbonnières qu’elle gère également: «Une partie des clients se rendent simplement dans les commerces les plus proches de chez eux». Pour Christophe Vaney, il n’y a pas de doute: «Les Combiers font preuve de solidarité. Dites-leur merci de notre part!»